Bibliographie

I.

POÉSIE

1.

RECUEILS

– Poèmes pour les ouvriers et les autres. Avec Louis Rocher. Les Éditions ouvrières. 1955.

– Les Feux de l’espoir. Les Éditions ouvrières. 1957.

– Poèmes pour les amis. Les Éditions ouvrières. 1963.

– Allégories. Les Éditions ouvrières. 1964.

– Le Romancero populaire. Caliban. Les Éditions ouvrières. 1974.

– *La Ville enchantée. L’École. 1976.
     . Mis en chansons par Max Rongier. Livre-disque Philips 6461.
          Diplôme « Meilleur disque Loisirs-Jeunes ».

     . Réédition sous le titre « Poèmes de la Ville enchantée ».
     Deux volumes avec transcription en caractères Braille et enregistrement.
     Benjamins Media, 2001 et 2002. Illustrations de Bruno Mallart.

– *Paris des enfants. Illustrations de Valérie Charpentreau. L’École des Loisirs. 1978.

– *Ce que rêver veut dire. L’École des Loisirs. 1979.

– *Mots et Merveilles. L’enfant la Poésie. Saint-Germain-des-Prés. 1981.

– *Poésie en jeu. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1981.

– *Les cent plus belles devinettes. Illustrations de Monika Beisner. Gallimard. 1983.
     Prix de la Fondation de France.

– *La Poésie dans tous ses états. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1984.

– *La Banane à la moutarde. Illustration de Mérel. Nathan. 1986.
     . Réédition en 1988. Nouvelles illustrations de Mérel.

– Ce que les mots veulent dire. Pour le plaisir. Éditions Vie ouvrière, Bruxelles, 1987.

– Vous prendrez bien un vers. Pour le plaisir. Éditions Vie ouvrière, Bruxelles, 1988.

– Images. Illustrations de Luce Guilbaud. L’oasis. Le Petit Véhicule, Nantes. 1989.

– La mer l’amour. La Maison de Poésie, 1989.

– Le Fil d’or. La Maison de Poésie, 1990. Prix Campion-Guillaumet de la Société des Gens de Lettres.

– *Prête-moi ta plume. Illustrations de Mérel. Fleurs d’encre. Le Livre de Poche Jeunesse.
     Hachette. 1990.

– Ciels déchiquetés. Illustrations de Cécily Blégent. Mise en page de Bérengère Lallemant.
     École Estienne. Hors-commerce. 1991.

– Musée secret. Illustrations de Luce Guilbaud. La Maison de Poésie, 1992.

– À la Beauté. Hors commerce. Mot de passe. 1993.

– Le Chant de la lumière. La Maison de Poésie, 1993.

– *Poèmes pour peigner la girafe. Illustrations de Florence Kœnig. Album. Gautier-Languereau. 1994.

– Le Visage de l’ange. La Maison de Poésie, 1995.

– Les Rondeaux d’Agnès. La Maison de Poésie, 1996.

– Le Papillon sur l’épaule. La Maison de Poésie, 1997.

– La Part des anges. La Maison de Poésie, 1998.

– Orphée et les Argonautes. Hors commerce. 1999.

– La Fugitive. La Maison de Poésie, 2000. Prix Louis Montalte de la Société des Gens de Lettres.

-* La Carpe de mon pommier. Collages de l’auteur. La Tourelle-La Maison de Poésie, 2004.

– La Rose des fables. La Maison de Poésie, 2007.

– Stèles. La Maison de Poésie, 2007.

– *La petite rose des fables. Collages de l’auteur. La petite Maison de Poésie. La Maison de Poésie, 2008.

– Ombres légères. Élégies. La Maison de Poésie, 2009.

– *Les Secrets du royaume. Poèmes pour de jeunes lecteurs. Collages de l’auteur. La Tourelle-La Maison de Poésie, 2014.

– *Arc-en-ciel. Avec des poèmes de Colette Nys-Mazure. Collages de Pierre Laroche. Couleur Livres, « Carré d’as ». Bruxelles, 2014.

– *La Réunion de famille. Images de Silvia Bonanni. Rue du monde. 2015.

– Galerie des Poètes français. La Maison de Poésie. La Tourelle. 2015.

– Un si profond silence. La Maison de Poésie. La Tourelle. 2015.

* Ces recueils conviennent aux enfants.

Poèmes pour les ouvriers
Les feux de l'espoir
Poèmes pour les amis
Vous prendrez bien un vers
Images2
La mer l'amour
Musee secret
La Fugitive
Rose des fables
La ville enchantée
Poesie en jeu
Les cent plus belles devinettes
La poésie dans tous ses états
Stèles
Ombres légères
Allégories
Le romancero populaire
Ce que les mots veulent dire
Le fil d'or
La part des anges
Les rondeaux d'Agnes
Le chant de la lumiere
Prete moi ta plume
Le papillon sur l'epaule
Paris des enfants
Ce que rêver veut dire
Mots et merveilles
La banane a la moutarde
Poemes pour peigner la girafe
La Carpe de mon pommier
Petite rose
Le visage de l'ange
Secrets du royaume
Arc-en-ciel
Réunion de famille

*

2.

CONTES MUSICAUX

– L’autobus enchanté. Cantate (d’après L’autobus dans La Ville enchantée). Musique : Anthony Girard. Pour mezzo-soprano, piano, flûte et hautbois. Création : 25 février 1981, Paris, salle Cortot.

– Dans la forêt des fées. Musique de Max Pinchard. Pour soliste, chœur d’enfants ou d’adultes à l’unisson, récitant et ensemble instrumental. Création : Petit-Couronne, Grand-Couronne et Évreux, 1991. Disque compact SH 09.

– Orphée et les Argonautes. Musique de François Barré. Création : 11 juin 2004 à La Chapelle-sur-Erdre.

Dans la forêt des fées
Dans la Forêt des fées. Création.
Max Pincherd dirige le chœur et l’ensemble instrumental.

*

3.

TRADUCTIONS

– Quand je rêve. Traduit de l’anglais. Adaptation française d’un poème de Thomas Hood (In Summer, when I go to Bed). Illustrations d’Ivan Winjngaard. Gallimard. 1981.

– Chats ! Traduit de l’anglais. Adaptation française de The Old Possum’s Book of Practical Cats de T. S. Eliot. Illustrations de Morgan. Arc-en-ciel. Nathan. 1982.

– Chats de poésie. Illustrations d’Errol Le Cain. Deux poèmes tirés du recueil précédent. Albin Michel. 1991.

Quand je reve
Chats
alt

 *

*     *

4.

ÉDITION D’ANTHOLOGIES POÉTIQUES

CLASSIQUES

– Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant. Illustrations de Robert Dalmasso. Préface de Gaston Roger. Les Éditions ouvrières. 1958.
     – Nouvelle édition entièrement refaite. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1973.

– Livre du Maître des Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant. Préface de Gaston Roger. Les Éditions ouvrières. 1958.

– Présentation et commentaires des Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant.  Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1973.

 – Poèmes pour les jeunes du temps présent. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1975.

– Présentation et commentaires des Poèmes pour les jeunes du temps présent. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1975.

– Il était une fois… Les enfants. Illustrations de Danièle Avenard. La Farandole. Messidor. 1979.
     – Réédition 1983.

– Poèmes pour les saisons. Illustrations de Sophie Kniffke. Enfantimages. Gallimard. 1978. Traduit en japonais.

– La Ville en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1979.

– La Fête en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1979. Rééditions 1993. 2000.

– Le Livre de tous les jours. Agenda illustré des fêtes, des anniversaires et des jours ordinaires. Illustré par Elisabeth Borchers. Folio-Benjamin. Gallimard. 1980.      
     – Réédition 2003.

– En cherchant la petite bête. Illustrations d’Henri Galleron. Folio-benjamin. Gallimard. 1980.

– Le Fantastique en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1980.

– Le Temps et les Saisons en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1980.
     – Réédition 1993.

– Le Rire en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1981.
     – Réédition, 1998.

– Les Oiseaux et les animaux de l’air en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1981.

– Les Animaux sauvages en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1982.

– La Vie de Jésus racontée par les poètes. Illustré. Desclée de Brouwer. 1982.

– Le Feu en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1983.

– La France en poésie. Folio-junior en poésie. Gallimard. 1983.

– Mon premier livre de poèmes. Illustré. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1983.

– Mon premier livre de comptines. Illustré. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1983.
     – Réédition : Dessain et Tolra. 1985. Dessain et Tolra, Les Éditions ouvrières et Le temps apprivoisé, 1988.

– Petits poèmes pour petits enfants. Illustrations de Véronique Arendts. Nathan. 1989.
     – Réédition 1998.

– La République nous appelle ! Poèmes révolutionnaires de 1789 à nos jours. Notes et commentaires de Jacques Charpentreau et Gabriel Aymé. Hachette, Livre de poche jeunesse. 1989.

– Poèmes pour toi, maman. Illustrations de Florence Kœnig. Fleurs d’encre. Hachette. Album, relié. 1990.

– Demain dès l’aube. Les cent plus beaux poèmes pour l’enfance et la jeunesse, choisis par les poètes d’aujourd’hui. Avec Dominique Coffin. Illustrations de Michel Charrier. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1990. Rééditions : 2002. 2011.

– La Cigale, le Renard et les autres. Les plus belles fables françaises. Illustrations de Gabriel Lefebvre. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1991.

– Trésor de la Poésie française. Trois volumes. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1993.
     – Nouvelle édition condensée en un volume. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 2005.

– Charles Baudelaire. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1995.

– Victor Hugo. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1995.

– Paul Verlaine. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1995.

– Gérard de Nerval. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1995.

 – Arthur Rimbaud. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1995.

– Alfred de Musset. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1996.

– Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1997.

– Petits poèmes pour tous les jours. Illustré. Nathan. 1998.

– Les plus beaux poèmes d’hier et d’aujourd’hui. Florilège « Fleurs d’encre ». Illustrations de Bruno Mallart. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1995.         
     – Rééditions : 1999. 2001.

– Un petit bouquet de poèmes. Poèmes choisis. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 2004.
     – Réédition : 2010.

tresor de la poesie francaise tome 1
tresor de la poesie francaise tome 2
tresor de la poesie francaise tome 3
Poèmes d'aujourd'hui
Poèmes pour les jeunes du temps présent
Il était une fois les enfants
Poèmes pour les saisons
La ville en poésie
La Fête en poésie
Le Livre de tous les jours
En cherchant la petite bête
Le temps et les saisons en poésie
Le rire en poésie
Les oiseaux et les animaux de l'air en poésie
Le feu en poésie
La Vie de Jésus racontée par les poètes
La France en poésie
Mon premier livre de poèmes
Mon premier livre de comptines
Petits poèmes pour petits enfants
La République nous appelle
Poèmes pour toi maman
Demain dès l'aube
La cigale le renard et les autres
Un petit bouquet de poèmes
Plus beaux poèmes
Baudelaire
Desbordes-valmore
Hugo
Musset
Nerval
Rimbaud
Verlaine

       ANTHOLOGIES DE POÈMES INÉDITS

– La Nouvelle Guirlande de Julie. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1978.

– La Poésie comme elle s’écrit. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1979.

– L’Almanach de la poésie. Illustrations de Valérie Bajou. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1983.

– Le Jardin secret des poètes. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1984.

– Mon premier livre de poèmes pour rire. Illustré. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1986.

– Mon premier livre de devinettes. Illustré. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1986.

– Le Livre des amusettes. Illustré. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières et Le Temps apprivoisé. 1987.

– Le Livre des Fêtes et des Anniversaires. Illustré. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1987.

– Loup y es-tu ? Illustré. Avec une cassette. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières et Disques Arc-en-ciel. 1987.

– Je pars en nuage. Illustré. Avec une cassette. Petite Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières et Disques Arc-en-ciel. 1987.

– Les Éléments des poètes. Illustrations de Gabriel Lefebvre. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette.1990.

– Paraphes. 200 poèmes manuscrits inédits de 50 poètes contemporains. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1990.

– Luttes et luth. 250 poèmes inédits sur le sport. Illustré. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1992.

– L’amitié des poètes. 160 poèmes inédits de 50 poètes contemporains. Illustrations de Bruno Mallart. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette.1994.

– La Poésie des poètes. 160 poèmes inédits de 80 poètes contemporains. Illustrations de Frédéric Clément. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1996.

– La Ville des poètes. 200 poèmes inédits de 80 poètes contemporains. Illustrations de Bruno Mallart. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette.1997.

– La Révolte des poètes. 150 poèmes inédits de 60 poètes contemporains. Illustrations de Bruno Mallart. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1998.

 – Le Rire des poètes. 160 poèmes inédits de 65 poètes contemporains. Illustrations de Bruno Mallart. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1998.

 – Jouer avec les poètes. 200 poèmes-jeux inédits de 65 poètes contemporains. Illustrations de Bruno Mallart. Fleurs d’encre. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1990.         
     Rééditions : 2002. 2010.

– Les poètes de l’an 2000. 100 poèmes inédits de 70 poètes du XXIsiècle. Hachette. Livre de Poche Jeunesse 2000.

La ville des poètes
La poésie comme elle s'écrit
Nouvelle guirlande de Julie
L'almanach de la poésie
le jardin secret des poètes
Poèmes pour rire
Devinettes
Amusettes
Fêtes et anniversaires
Loup y es-tu ?
Je pars en nuage
Les éléments des poètes
Luttes et luth
L'amitié des poètes
La révolte des poètes
Le rire des poètes
Jouer avec les poètes
Les poètes de l'an 2000
Paraphes

 *

*    *

II.

ROMANS, CONTES ET NOUVELLES

– La Bande à Jeannot. Ma première amitié. Éditions de l’Amitié-G. T. Rageot :

– La Colonie de vacances. Illustrations de Françoise Boudignon. 1977.

– Comment devenir champion de football en mangeant du fromage. Illustrations de Françoise Boudignon. 1978.
     – Nouvelle édition illustrée par Véronique Roux. 1987.
     – Téléfilm du Centre National de Diffusion Pédagogique, 1987. Nouvelle édition complétée, 1994.

– Une affaire de bon sens. Illustrations de Françoise Boudignon. 1979.

– La Famille Crie-toujours. Illustrations de Patrice Douanat. Arc-en-Poche. Nathan. 1980. Réédition : 1984.
          – Traduction espagnole. Édition Alfaguera.

– Le Bêtisier. Illustrations de Françoise Rousset. L’École des Loisirs. 1983.

– Ne jetez jamais l’argent par les fenêtres. Illustrations de Serge Pousseret. Poche Nathan. Arc-en-Poche. Nathan. 1984.

– Nouvelles histoires pour les cinq ans. Illustrations de Bernadette Pons. Nathan. 1988.

– Une fille très réussie. Illustrations d’Agnès Perruchon. Arc-en-Poche. Kangourou. Nathan. 1990.

– Le Corbeau et le Perroquet. 17 monologues pour ceux qui ont la langue bien pendue. Illustrations de Daniel Maja. Arc-en-Poche. Nathan. 1992.
      -Traduit en italien sous le titre Non so se sapete… Emme Edizioni. 1994.

– La Nuit est mon royaume. Illustrations de Frédéric Mathieu. Livre de Poche Jeunesse. Hachette.1992.

La Colonie de vacances
Comment devenir champion de football en mangeant du fromage
Une affaire de bon sens
La famille Crie-Toujours
Ne jetez jamais l'argent par les fenetres
Une fille tres reussie
Le Bêtisier

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*     *

III.

PAMPHLETS ET CHRONIQUES

– Une Société en toc. Caliban. Les Éditions ouvrières. 1969. Réédition : 1972.

– La Crétinisation. Caliban. Les Éditions ouvrières. 1971.

– Nos Parias. Ouvrage collectif. Caliban. Les Éditions ouvrières. 1972.

– Ah ! Si la France m’avait écouté ! Les Chroniques de l’O.R.T.F. et de Radio-France (3 octobre 1973-25 juin 1975). Avec six dessins de Konk. Caliban. Les Éditions ouvrières. 1976.

une societe en toc
La cretinisation
Ah si la France m'avit écouté !

*

*     *

IV.

BIOGRAPHIE

– Racine. L’enfant à la cicatrice. Livre de Poche Jeunesse. Hachette. 1999.

V.

ÉTUDES ET ESSAIS

LITTÉRATURE

– « Je ne veux qu’une chose, être aimée ». Cinquante lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo. Avec Simonne Charpentreau. La Maison de Poésie. 1997.

– « Pour vous seule ». Cinquante-trois lettres inédites d’Alfred de Vigny à Céline Cholet. La Maison de Poésie. 2000. Prix Alfred de Vigny.

ACTION CULTURELLE

– La Culture populaire en France. Avec René Kaës. Vivre son Temps. Les Éditions ouvrières. 1962.

– L’Animation culturelle. Ouvrage collectif. Vivre son Temps. Les Éditions ouvrières. 1964.
     – Traduit en italien. A. V. E.  Rome. 1967.

– L’Homme séparé. Justification de l’action culturelle. Points d’appui. Les Éditions ouvrières. 1966.
     – Traduit en italien. L’uomo separato. A. V. E.  Rome. 1968.

– L’Esthétique personnaliste d’Emmanuel Mounier. Avec Louis Rocher. Vie nouvelle. Les Éditions ouvrières. 1966.

– Pour une politique culturelle. Vivre son Temps. Les Éditions ouvrières. 1967.

– Le Livre et la lecture en France. Ouvrage collectif. Vivre son Temps. Les Éditions ouvrières. 1968.

ÉDUCATION ET ENSEIGNEMENT

– Enfance et poésie. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1972.

– Le Mystère en fleur. Les enfants et l’apprentissage de la poésie. Enfance heureuse. Les Éditions ouvrières. 1979. Prix Jeunes années « éducateurs ». Réédition : 1980.

racine l'enfant a la cicatrice
Je ne veux qu'une chose
Pour vous seule alfred de vigny
Le mystère en fleur
Enfance et poésie

LA CHANSON

– Veillées en chansons. Avec Simonne Charpentreau. Les Éditions ouvrières. 1958.
     -Plusieurs éditions successives mises à jour.

– La Chanson. Avec Simonne Charpentreau. Photos. Les Éditions ouvrières. 1960.

– Nouvelles Veillées en chansons. Avec Simonne Charpentreau. Les Éditions ouvrières. 1970.

– Georges Brassens et la poésie quotidienne de la chanson. Tout le monde en parle. Éditions du Cerf. 1960.

Traduit en catalan. Nova Terra. Barcelone. 1963.

– Gilbert Bécaud. Éditions Foyer Notre-Dame. Bruxelles. 1961.

– Charles Aznavour. Éditions Foyer Notre-Dame. Bruxelles. 1963.

– La Chanson française. Article dans cet ouvrage collectif. Collège et famille. Montréal, Québec, Canada. Bellamin. 1965.

– Encyclopédie des musiques sacrées.Article dans cet ouvrage collectif. Labergerie. 1971.

– La Chanson française. Avec France Vernillat. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? ». 1972.
     -Traduit en japonais.

georges brassens et la poesie quotidienne de la chanson
Bécaud
Aznavour
Veillees en chansons
La Chanson
Nouvelles veillées
la chanson francaise avec france vermillat

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*     *

VI.

DICTIONNAIRES

– Dictionnaire de la chanson française. Avec France Vernillat. Illustré. Les Dictionnaires de l’homme du XXsiècle. Larousse. 1968.

– Dictionnaire des poètes et de la poésie. Avec Georges Jean. Illustré. Folio-Junior en poésie. Gallimard. 1983.

– Dictionnaire de la poésie française. Fayard. 2006. Prix Georges Dumézil de l’Académie française.

Dictionnaire de la chanson francaise
Dictionnaire des poetes et de la poesie
Dictionnaire de la poesie francaise

*

*     *

VII.

THÉÂTRE

– Frères humains. Avec Louis Rocher. Musique de Tom Lejeune. Veillée populaire offerte à la jeunesse du monde. JOC. 1955.

– Aujourd’hui, Rendez-vous avec l’avenir. Apprentis de France. 1960.

– La Liberté. Montage audio-visuel. Les Équipes enseignantes. 1966.

*

*     *

VIII.

DISCOGRAPHIE

– Raymond Arvay chante Jacques Charpentreau (Près du Pont de Conflans, Au rapport, Le Trésor, Les Fleurs du Pauvre Dandin). Musique de Raymond Arvay. Reflets SM 17 M 131.

– Chansons de la Ville enchantée. Musique et chant : Max Rongier.
     Livre-disque Philips 6461. Diplôme « Meilleur disque Loisirs-Jeunes ». 1976.

– Poèmes de la Ville enchantée. Réalisation de Régine Michel. Benjamins Media.
     Volume 1 : Voix de Madeleine Attal et Robert Florent. Cassette. 2000.
     Volume 2 : Voix de Jacques Allaire, Robert Florent et Christel Touret. Disque compact. 2004.

PRINCIPAUX ENREGISTREMENTS

– Christine Sandre dit… (Place de la Concorde). CS 7.
– Marchons sur Paris
 (De nos mains, La Création. Musique de Raymond Arvay). Extraits du disque « Paris 67 ». DMO 530D. 1957.
– Jacques Douai. Récital n° 9. 
« 15 ans de chansons ». (Les Fleurs du pauvre Dandin. Musique de Raymond Arvay). BAM LD 410.
– Michel Aubert
 (Lieux communs. Musique de Michel Aubert). BAM C 445. 1969.
– Michèle Bernard. Le Kiosque
 (En fiches. Musique de Michèle Bernard). Écoute s’il pleut. PL 37205.
– Jacques Douai
 (Près du Pont de Conflans. Musique de Raymond Arvay). BAM LD 5777. 1971.
– Nous changerons la vie
 (La Vie. Litanies de la Vie à changer. Musique de Raymond Arvay). Arrangements et interprétation : François Bonnal. Orchestre et chœur dirigés par Guy Ressac. DMO 526. 1974.
– Chants de la JOC.
 (De nos mains. La Vie. Musique de Raymond Arvay). 1978.
– James Ollivier : Chansons et poèmes bohèmes pour Patapoufs.
 (Le laveur de carreaux. Musique de James Ollivier). Arc-en-Ciel SM 30 957. 1979.
– Max Rongier : Poèmes d’aujourd’hui en chansons de maintenant pour les enfants de notre temps.
 (Bienvenue ! La réunion de famille. Promenade aux Tuileries. L’embouteillage. Musique de Max Rongier). Arc-en-Ciel. SM 30 1129. 1982.
– James Ollivier : La Clé des chants.
 (Notre-Dame de Paris. Le lion de Denfert-Rochereau. Musique de James Ollivier). Arc-en-Ciel. SM 30 1137. 1982.
– Max Rongier : Qu’est-ce qu’il n’y a ?
 (Sacha le chat du Pacha. Et demain ? Au bois de Panama. Musique de Max Rongier). SM 30. 1263. 1983.
– James Ollivier : Poésies et chansons douces pour petits mousses. 
(Les Jean serviables. Comptines, La mer s’est retirée. Musique de James Ollivier). Arc-en-Ciel. SM 3012. 73. 1984
– Don Pedro et ses dromadaires : Sur le quai des animaux. Adès. Le Petit Ménestrel. ADE 531. 1997.
– Mes premières poésies. 
Reprises et rééditions diverses. SM Arc-en-ciel. 2001.

DIRECTION ARTISTIQUE

de Jacques Charpentreau

LA CHANSON CHANTE

– La Chanson chante le travail et les travailleurs. Chant : Jacques Douai. Orchestre : François Rauber. (Métamorphose. Musique : Jacques Douai). Reflets. SM 25 A. 193.

DIEU DANS LA CHANSON

– 1. Recherche. 10 chansons interprétées par Raymond Arvay, John Littleton, Josée Moreau, Francis Tabet. Orchestre François Rauber. SM 25 M-114.
– 2. Présence. 10 chansons interprétées par Raymond Arvay, Michel Frenc, John Littleton, Josée Moreau, Christine Perrin, Francis Tabet, Guy Thébaud. Orchestre François Rauber. SM 25 M-115.
– 3. Dialogue. 10 chansons interprétées par Christian Borel et Caroline Cler. Orchestre François Rauber. SM 25 M-151

COLLECTION LE PARADISIER

– Jacques Douai : Le Chant du monde. (La graine, Le chant du monde, La mer s’est retirée. Musique : Jacques Douai). Arc-en-ciel. SM 37.30. 1391. 1985.
– James Ollivier : Les Saisons. Musique : James Ollivier.
      1. Automne-Hiver. (La chanson de l’hiver, Les trains de la Gare du Nord). Arc-en-ciel. SM 37.30 13.87. 1985.
      2. Printemps-Été. (Une hirondelle ne fait pas le printemps, Le soleil). Arc-en-ciel. SM 37. 30 14. 21. 1986.
– Les Octaves : L’Arche merveilleuse des animaux. (Le chat musicien, musique de Leda Boehler. Les deux oiseaux, musique de Jean-Marie Ployé). Arc-en-ciel. SM 37. 30 13.     89. 1985.
– Jean et Pierre Pradelles : Le Secret de Dieu.
 (De la fleur à la fleur, « Qui est-ce ? ». Musique : Julien Roche et Claude Anthonioz-Rossiaux). Arc-en-ciel. 37. 30 13. 93. 1985.
– Max Rongier : Enfantastique. (La soupe de la sorcière. Musique : Max Rongier). Arc-en-ciel. SM 37. 30 14. 27. 1986.
– Mannick : L’Année en fêtes. (Vive la fête !, Les Rois, Les crêpes, La Mi-carême, Poisson d’Avril. Musique : Mannick). SM 37. 30 14. 59. 1986.
– Jacques Yvart : Autour de l’océan. (Échos d’une escale. Musique : Jacques Yvart). Arc-en-ciel. SM 37. 30 15. 35. 1987.
– Luce Dauthier : Je pars en  nuage. Arc-en-ciel. SM 37. 30 15. 37. 1987.
– Jean Humenry : Loup y es-tu ?
 (Le lutin de la pendule, Au marché des sorcières. Musique : Jean Humenry). Arc-en-ciel. SM 37. 30 15. 39.
– François Corbier : Taquineries.
 (Nabuchodonosor, « Le grand seigneur ». Musique : François Corbier). Arc-en-ciel. SM 37. 30 15. 59. 1988.
– Joël Favreau : Villes et campagnes. (La Tour Eiffel, Les Champs-Élysées, Le quai aux fleurs. Musique : Joël Favreau). Arc-en-ciel. SM 37. 30 16. 09. 1989.
– Le Paradisier de mes quatre ans. (Vive la fête, Le lutin de la pendule, La Tour Eiffel). Disque compact Arc-en-ciel SM 62. 12 16. 50. 1989.
– Le Paradisier de mes six ans. (Échos d’une escale, Les crêpes, Comptine, Le soleil, La Mi-carême). Disque compact Arc-en-ciel. SM 62. 12 16. 52. 1989.

MUSIQUE

ANNEXES

CHŒURS ET MÉLODIES

(extraits)

– La Crétinisation, ou l’éducation de Caliban. Musique : Paul-Baudoin Michel. Pour ténor, récitant, chœur mixte, orchestre et bande magnétique. 1973.
– Cantique du monde. 
Musique : Harry Cox. Pour soprano et piano. 1979.
– L’éducation moderne. 
Musique : Anthony Girard. Pour chœur à deux voix égales. 1986.
– À la maison. « Suite domestique ». 
Musique : François Barré. 9 poèmes extraits de La Ville enchantée : Le téléphone, La radio, Le batteur-mixeur, La douche, Ma baignoire, Qui suis-je ?, Le miroir, Comme-ci, comme ça, Le réfrigérateur. 1987.
– Huit chansons abominables. 
Musique : François Barré. Un affreux, Berceuse, La soupe de la sorcière, Le bal, Le cauchemar, Un métier difficile, Mon esclave, Mon meilleur ami. Publication : Résonance, Cortaillod, Suisse. 1989.
– L’ardente chanson de mon cœur. 
Trois mélodies pour soprano solo et piano. Musique : Harry Cox. Harmonie, Accords, Chansons. 1990.
– Chanson de la rivière Mouille-Mougnon. 
Musique : Edgar Cosma. Pour chœur d’enfants. 1990.
– Trois poèmes
Musique : Harry Cox. La Danse du monde, Petite chanson tendre du printemps, Pourquoi ? 1990.
– Poème bucolique, L’inspiration, Cachalot d’hiver, cachalot d’été
Musique d’Edgar Cosma. Pour chœur d’enfants à deux voix, dans la partition Chansons en liesse. Huit chansons pour chœur d’enfants. À Cœur Joie. Lyon, 1991.
– La lumière de Bethléem. 
Musique : Edgar Cosma. Pour Chœur mixte et quatuor à cordes. 1992.
– Nuit de Noël. 
Musique : Edgar Cosma. Pour chœur mixte et percussion facultative. 1992.
– Noël. 
Musique : Edgar Cosma. Pour chœur d’enfants à trois voix et trio d’instruments facultatif. 1992. Édition : À Cœur joie, 1994.
– De tout et de rien. 
Musique : Edgar Cosma. Quatre chœurs pour chœur à voix égales. La petite sœur interroge, Tendresse, Le réséda, La danse du monde. 1993. Publication : À Cœur joie, 1994.
– Les petits chiens savants. 
Musique : Edgar Cosma.
– Le petit dauphin. 
Musique : Edgar Cosma.
– Le chant. 
(« Depuis toujours en nous le chant… »). Musique : Harry Cox. 1993.
– Deux poèmes
Le chant (« On ne voit pas l’oiseau qui chante… »), La voix. Musique : Harry Cox. Canon à trois voix pour soprano, mezzo-soprano, baryton et piano. 1994.
– Quatre triolets et un rondel. 
Musique : Harry Cox. Pour chœur mixte a capella, à quatre voix. Printemps, Été, Automne, Hiver. Je préfère le printemps. 1989.
– Carpe diem. 
Musique : Harry Cox. Canon à l’unisson pour trois sopranos et piano. 1994.
– L’amour à demi-mot, 
dans Deux poèmes pour rire. Musique : Anthony Girard. Pour chœur mixte et contrebasse. 1997.
– Les Saisons. 
Musique : Harry Cox. Pour soprano et piano. 1997.
– La Flèche du temps. 
Musique : Edgar Cosma. Chœur à 4 voix. En moi, Plus loin que la mémoire, La même vie. 1997.
– Poésie fugitive. 
Musique : Harry Cox. L’oiseau, Le flot, L’ombre, Les amants, Petit matin. 2000.
– Deux sonnets. 
Musique : Harry Cox. La quête, L’oubli. 2000.
– J’appartiens à mes rêves. Musique : Anthony Girard. Quatre chansons pour voix d’enfants à une et deux voix. Jason, L’eau de la nuit, La mélancolie, Envol des rêves. 2002. Publication : À Cœur joie.
– La Ville des songes. 
Musique : Anthony Girard. Le Rendez-vous, Jason. Pour chœur mixte et accompagnement de piano. 2002.

            De nombreux poèmes ont été mis en chanson, notamment par Jo Akepsimas, Anthonioz-Rossiaux, Michel Aubert, Claude Antonini, Raymond Arvay, Michel Bernard, Jacques Bienvenu, Leda Bœller, Denis Caure, Pierre Castellan, Bruno Clavier, François Corbier, Jacques Douai, Joël Favreau, Jean Humenry, J. Laroche, Mannick, James Ollivier, Jean-Marie Ployé, Max Rongier, etc.

le paradisier de mes 4 ans
le paradisier de mes 6 ans

En auto

Un volant dans les mains, un coussin sous les fesses,
La tête encasquettée un portable à ton bord,
Dans la horde tu vas, tu roules vers ton sort :
Le tiercé, la télé, la bière. Adieu jeunesse !

À tes côtés, déjà menacée par la graisse,
Elle se taît, rumine, et partage vos torts ;
Elle a ses hauts, ses bas, tantôt un chien qui mord,
Tantôt un chien battu quémandant la caresse.

Les gosses crient derrière et mâchent leur chwingeum.
Condamné sans appel ! Bientôt, le dernier rhum.
Tu ne t’étais pas vu coincé dans cette bulle…

En toi, pourtant, malgré tes rêves envolés,
Je sais que comme moi, mon frère en ridicule,
Tu es le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé.

Cette vie nous fait mal,
Nerval !

Elle

Pas de grand manteau noir ni de voiles de deuil,
Ni de pleurante assise à côté d’un cercueil,
Rien qu’une enfant debout, fragile, solitaire,
Quelque part, n’importe où, sur un carré de terre,
Serrant sur sa poitrine un lambeau de chiffon,
Un reste de poupée – et ses grands yeux sans fond
Ont déjà tout connu de ce monde implacable.
Elle sait, âme et corps, ce dont il est capable.
Son silence est en nous. Pas de cris, pas de pleurs,
Plus rien que son regard d’une infinie douleur,
Qui nous étreint le cœur. L’enfant perdu nous laisse
Avec notre chagrin, nos deuils, notre tristesse.

Un si profond silence

La Limace et l’Escargot

Dans un beau pays de cocagne
(Quelque potager de campagne)
Un superbe Escargot
Rencontre une Limace
Et lente, et lourde, et lasse.
Il monte sur ses ergots :
– Place ! Place ! Je passe !
Sa riche maison sur son dos,
Glissant vers une feuille de salade,
Il raille cette va-nu-pied :
– Pauvre folle à l’esprit malade !
Au pays des laitues, des frisées, du pourpier,
On refuse les vagabondes,
Les sans-logis, les sans-maison.
Il faut vous faire une raison :
Nous ne sommes pas du même monde !
– Seigneur, votre palais est bien celui d’un roi.
Mais tournez-vous, dit la limace.
Regardez votre trace :
Vous bavez comme moi.

La Petite Rose des Fables

Le rouge-gorge

Quand le soleil d’hiver descend
Et que le jour va disparaître,
Tu viens, fidèle, à ma fenêtre,
Rouge-gorge taché de sang.

Petit soleil incandescent,
Espoir d’un printemps à renaître,
C’est la vie que tu viens promettre,
En fragile et furtif passant.

Mais en ces beaux jours renaissants,
Te verrai-je encore apparaître ?
Tu seras là, cher petit maître,
Mais je serai peut-être absent.

Les Secrets du Royaume

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Documents

Robert Vigneau :


L’appel de l’arbre

Dans l’arbre

Ne voyez-vous pas
Ces branches ces bras
Ces feuilles ces mains
Qui supplient en vain ?

N’entendez-vous pas
La plainte tout bas
Dans le vent la voix
Qui tremble d’effroi ?

C’est qu’une âme pleure
Dans l’arbre et demeure
À jamais en larmes
Captive d’un charme.

Pour la délivrer
Il faudrait l’aimer.

Bertrand Degott

Ballade du Royaume

À Jacques Charpentreau

Villon Guillevic ou Guillaume
(dit Kostro) avaient-ils vraiment
percé les secrets du royaume ?
ça reste un mystère et pourtant
la formule n’a rien d’occulte…
à vous lire c’est évident
il ne faut jamais être adulte

comme vous l’apprenez aux mômes
dans votre livre il est prudent
d’offrir une fleur qui embaume
on fait bien de parler au vent
d’autant plus qu’il nous catapulte
pas toujours se brosser les dents
surtout ne jamais être adulte

j’ai noté sur moi des symptômes
qui pourraient se faire inquiétants
les genoux sans mercurochrome
je caracole après le temps
et parfois me plais au tumulte
– le ciel m’épargne l’accident
qui de moi ferait un adulte

ami Charpentreau, à moins d’en
rire la vie nous laisse inculte
merci de m’enseigner comment
ne jamais jamais être un adulte.

Bertrand Degott

AUTRES POÈMES

Le rire de l’ange

Je sens une aile qui me frôle
Pendant que je rêve et j’écris
Des vers sur les anges : il rit
L’ange derrière mon épaule.

Le Visage de l’ange.

Le chant

J’attendrai le temps qu’il faudra,
Je serai pluie, je serai pierre,
Galet, silex, cendres, poussière,
Fleur de pêcher, fruit de cédrat,

Quand le ciel claquant comme un drap
Sous le vent des heures dernières
Déchirera sa bleue bannière
Dans un universel fatras,

Je serai là, gerbe d’atomes
Éparpillés sous le grand dôme
Qui ne connaîtra plus de lois !

S’élèvera dans ce désastre
Embrasant le ciel d’astre en astre
Le chant que je portais en moi.

La fugitive.

L’Odyssée

Bousculade à la queue, c’est pour l’Eldorado !
Chaque jour le chaudron bout dans l’aérogare,
Ça vit, ça va, ça court, ça pue, ça se bagarre,
Enfants, chiens, retraités, valises, sacs à dos…

Pèlerins et bourgeois déguisés en clodos,
C’est la même ferveur sur la route. Pleins phares !
Ce long serpent figé, c’est l’armée des barbares
Qui grouille à pied, en train, à cheval, en radeau.

Monceaux de viande grasse épandus sur les plages,
Concentration des camps, remugles de cités,
Bruit, fureur et bonheur de la promiscuité !
Heureux qui comme Ulysse après un long voyage

Retrouve son fauteuil, et seul s’enferme à clé,
Rêvant de l’Odyssée sans voisins ni télé.

                      Écoute-les bêler,
                          Du Bellay !

 La part des anges.

Métaphysique

Sur la corde à linge
ma chemise se gonfle au vent.
Il n’y a rien dedans.
On ne voit pas
une âme mise à sécher.

Musée secret

Le vieux poète

Moi, mon royaume fut royaume de papier,
Ma richesse des mots, mes titres des poèmes.
Je ne fus même pas le seigneur de moi-même,
Je n’ai rien inventé, je n’ai fait que copier.

Je n’eus pas de servants ni de valets de pied,
Je ne fus châtelain qu’en Espagne ou Bohème.
Un sonnet réussi fut mon trésor suprême.
Ma voie royale fut un tout petit sentier.

Mais j’eus tant de bonheur à quelquefois entendre
Mes simples mots redits par de jeunes voix tendres,
Des enfants inconnus, dans un moment heureux !

Ces enfants devenus des hommes, j’imagine
Qu’ils entendent toujours cette voix anonyme
Et mon âme allégée chante encore avec eux.

La fugitive.

 Le petit clown blanc de la lune

Le petit clown blanc de la lune
Joue du violon, bat du tambour,
Jongle avec des noyaux de prunes,
Des diamants, des pommes d’amour,
Dans la douce nuit de velours.

Le petit clown blanc de la lune
Se balance au ciel en rêvant;
Par-dessus la mer et les dunes,
Il se laisse bercer au vent
Sur son grand trapèze volant.

Le petit clown blanc de la lune
Me regarde au fond de la nuit.
Il console mes infortunes,
Il me sourit, pâlit, et puis
Le petit clown s’en va sans bruit.

 La carpe de mon pommier

La Carpe de mon pommier – Collage de l’auteur

« L’éphéméride fait mes rides »

– Lundi 1er décembre 2014

Révélation d’une dédicace

    L’exposition consacrée par la Bibliothèque Nationale de France à l’Oulipo de novembre 2014 à février 2015 permet de retrouver les fondateurs de cet OUvroir de LIttérature POtentielle, dont Albert-Marie Schmidt, qui en trouva le nom et l’acronyme. J’ai dans ma bibliothèque un ouvrage qui lui fut dédicacé.
     Le 3 décembre 1947, Gérard Philippe et Maria Casarès interprétèrent Les Épiphanies d’Henri Pichette (alors âgé de 23 ans) au Théâtre des Noctambules, devenu aujourd’hui la salle de cinéma Reflet, rue Champollion à Paris. Le succès (en grande partie mondain) fut considérable. Appâté, je voulus lire cette pièce et j’achetai à une petite librairie du boulevard Arago, le livre publié par K, dans une affreuse typographie de Massin, se voulant originale et si pénible pour le lecteur.
     Je fus surpris, en ouvrant l’ouvrage, de découvrir en première page une dédicace à l’encre rouge à l’intention d’Albert-Marie Schmidt. C’était bien un autographe de Pichette. Je compris, un peu plus tard, quand je sus que le dédicataire, protestant, habitait effectivement boulevard Arago, dans l’immeuble attenant le temple. Il avait probablement revendu cet ouvrage au libraire, qui l’avait mis en rayon sans l’ouvrir, et me l’avait vendu comme « neuf »… (Il y a prescription aujourd’hui).
     Bien plus tard, en 1999, j’allai voir Henri Pichette chez lui, place de la République. Il était alors devenu un poète reconnu, peut-être pas par tout le monde, mais en tout cas par la Maison de Poésie. Il était déjà malade (il devait mourir le 30 octobre 2000), mais il nous fit cadeau pour le premier numéro de notre revue Le Coin de table d’un superbe poème calligraphié par ses soins, comme toujours à l’encre rouge.

– Lundi 3 novembre 2014

La plus belle distinction

     J’apprends par une lettre signée du Conseil municipal des jeunes que les élèves de l’école de Nieuil l’Espoir, dans la Vienne, ont décidé (après un vote général) de donner mon nom à leur école, et que le Conseil municipal élu a donné son accord.
     Pour la deuxième fois, après la commune de Saint-Hilaire-des-Loges en Vendée, c’est la plus belle distinction qui m’ait jamais été accordée. Certes, j’ai reçu de nombreux Prix littéraires, certains prestigieux, comme celui que m’a décerné l’Académie française. Mais ceux qui viennent spontanément des enfants me sont les plus précieux, et d’autant plus que je ne connaissais personne dans ces deux communes. C’est un bel hommage rendu à la poésie – qui témoigne qu’elle est bien vivante aujourd’hui. Et quel superbe nom porte cette commune !

Allemagne

Un peu d’argot…

     En juin 2012, la poésie de Jacques Charpentreau était présente lors d’un très sérieux colloque universitaire international d’argotologie organisé à Innsbruck par le département de Philologie romane de cette Université et la Faculté des Sciences humaines et Sociales de Paris-Descartes (Sorbonne).

     Marina Tikhonova, de l’Université de Smolensk (Russie) y a présenté un rapport sur les éléments argotiques dans la poésie contemporaine pour les enfants. Elle y a analysé plusieurs poèmes du recueil de Jacques Charpentreau, La Banane à la moutarde (Nathan, 1986), en particulier le vocabulaire de l’argot scolaire.

Le bain

Dans la baignoire, j’ai vidé
Tous les shampoings que j’ai touillés,
J’ai fait plonger, malgré sa frousse,
Mon petit frère, et j’ai crié :
« Maman ! Viens voir ! le petit mousse ! »

Puis j’ai tiré la courte-paille
Et j’ai dit : « Tu seras mangé ! »
Depuis, le petit mousse braille :
Il sera dur à digérer…

Un bon petit cœur

(Devinette)

En quittant mon amie Sandrine,
Je lui ai souhaité « Bonne angine » ;
Mais à l’affreux Maximilien,
J’ai susurré : « Porte-toi bien ! »

            Pourquoi ?

 C’est parce que demain matin,
En classe on a une interro,
Sandrine restera au chaud,
Chez elle, avec un bon bouquin,
Et l’ignoble Maximilien
Viendra récolter un zéro.


La Banane à la moutarde. Poèmes abominables pour enfants plus ou moins sages.

Nathan, 1986.

*******

Mozambique

     Le Centre culturel franco-mozambicain organise une exposition de photos sur la ville, avec la participation de l’ambassade de France au Mozambique et au Swaziland.

     Le calligramme de Jacques Charpentreau, Message de la ville en poésie sera reproduit dans le catalogue.

Russie

     Marina Tikhonova, Professeur à l’Université de Smolensk, vient de publier dans une revue scientifique un article intitulé : « La petite rose des fables » de Jacques Charpentreau : les fables modernes pour les enfants d’aujourd’hui.

Un album russe

      Un album illustré de poèmes français traduits en russe, à l’intention des enfants, vient de paraître en Russie. Le traducteur, Mikhaïl Yasnov, est lui-même un célèbre poète et un fameux traducteur.
     On trouve dans ce beau livre des œuvres de cinq poètes français, dont Jacques Charpentreau qui ouvre le recueil en grande vitesse.

     Poèmes traduits : Paris, Les trottoirs, Chez le coiffeur, Les antennes de télévision, Les pigeons, Les gens, Les moineaux, Les mannequins, Le marché aux sorcières.

Les mannequins

Vêtus de soie, vêtus de laine,
De nylon, de coton, d’indienne,
Les mannequins sourient et prennent
La pose, comme les statues,
Dans la vitrine devenue
Le musée du coin de la rue.

Jacques Charpentreau

La Ville enchantée. L’École.

Les mannequins

– Monsieur, Monsieur, quelle heure est-il ? Traduction : Mikhaïl Yasnov. Illustrations : Mikhaïl Bytchekov. Éditions Detgiz, Moscou.
     Poèmes de Jacques Charpentreau, Jean-Luc Moreau, Lise Mathieu, Robert Vigneau, Jacqueline Saint-Jean.

Jacques Charpentreau – L’Ecole – Ouvrage scolaire russe.
Résumé de la thèse de Lena Lartchenkova consacrée à l’analyse du style de Jacques Charpentreau
(Université de Smolensk et Moscou, 2007).

Chine

Le chant du monde

« Aime-moi » dit la feuille au vent qui la caresse,
L’oiseau chante « aime-moi » vers le soleil levant.
Et l’étoile à la nuit, la vague à l’océan,
Les bois, les prés, les champs, tout ce qui vit, sans cesse,
Tout murmure « aime-moi », en un immense chœur.
Et dans ce chant du monde, « aime-moi » dit mon cœur.

Ce que les mots veulent dire.

Le Chant du monde, traduction en chinois.
Jiang Huosheng Anthologie de la poésie française du Moyen-âge à nos jours. Pékin. 1996

Anthologie chinoise.
Présentation de J. Charpentreau (extrait)

Jiang Huosheng –
Vœux du Nouvel an
à Jacques Charpentreau
Cachet de J. Charpentreau

Du Danemark

Cher Monsieur Jacques Charpentreau,

     Un petit bonjour du Danemark, d’un professeur de français qui vient de finir deux semaines de travail sur la poésie, avec des jeunes de quatorze ans, ayant moins d’un an de français.

     On a lu votre poème L’école – après avoir travaillé avec Desnos et Jacques Prévert. Les élèves ont bien travaillé avec les structures et le rythme des “modèles”. À la fin ils ont écrit des poèmes sur des tableaux de Magritte et des photos de Doisneau.

     La poésie est une source immense – elle attire des enfants et ouvre un monde des pensées et des sentiments. La poésie d’une langue étrangère sera pleine de sensualité – articulation, prononciation, intonation – le son, le rythme – les mots nous donnent des goûts. On joue !

     Je vous envoie trois poèmes des enfants pour vous remercier de votre inspiration.

Cordialement, Helle Denckert de Visme
Toftevangskolen

Birkerød
Danmark

22 juin 2012.

La maison

Dans notre monde, il y a
Des mers, des maisons par milliers,
Des oiseaux, des hommes, des pays,
Et puis mes yeux, mes yeux qui veulent
Tout voir.

Dans notre pays, il y a
Des cygnes, des auteurs,
Des forêts, des expériences,
Et puis mes yeux, mes yeux qui veulent
Tout voir.

Dans notre ville, il y a
Des quartiers, des autos,
Des écoles, des options
Et puis mes yeux, mes yeux qui veulent
Tout voir.

Dans ma maison, il y a
Des meubles, de l’amour, des photos,
Des fleurs, de la confiance,
des membre de la famille
Et puis mes yeux, mes yeux qui
Se ferment.

Émilie

Ce poème a été inspiré par L’école (texte dans la rubrique Groupe scolaire de Saint-Hilaire-des-Loges).

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Canada

EXAMENS DANGEREUX

     En Alberta, province de l’ouest du Canada, un de mes poèmes vient de faire partie d’un examen du French Language Arts, pour le Diplôme de l’Alberta Education.
     Ce n’est pas la première fois qu’un de mes écrits est ainsi soumis à la sagacité (et à la peine) des candidats. Cet honneur m’entraîna de menues difficultés voilà quelques années.
     L’un de mes textes fut ainsi proposé au commentaire du baccalauréat (épreuve de français). Il s’agissait d’un extrait particulièrement mal-pensant.

   On a dit qu’avec les poubelles de la France des millions de misérables des pays pauvres pourraient se nourrir. Cette idée est si révoltante qu’on les laisse mourir de faim pour ne pas les humilier. Les chats français mangent des produits alimentaires spéciaux (certains fabriqués en Allemagne, la voilà l’Europe unie contre la misère), tandis que les enfants d’Asie et d’Afrique souffrent de la famine. On ne peut tout de même pas envoyer des rations pour chat à l’affamé inconnu. Un jour, il aura son tombeau. Pour l’instant, on ne sait pas comment faire, on ne sait pas quoi faire. Stupides d’impuissance, nous sommes et nous restons, tout en nous apitoyant sur la souffrance qui, grâce aux moyens de masse, devient un spectacle. (Une société en toc. Éditions ouvrières, « Caliban », 1969).

JACQUES CHARPENTREAU

UN SI PROFOND SILENCE

POÈMES

« Il se fit tout à coup le plus profond silence
Quand Georgina Smolen se leva pour chanter »

Alfred de Musset, Le Saule.

     « Dans le tumulte du monde, ce silence est celui qui annonce et accompagne le passage du chant, de la grâce, de la poésie. Mais la beauté n’abolit pas l’horreur : la poésie exprime nos émotions comme nos refus des monstrueuses abominations du monde, les violences, les guerres, l’écrasement des humbles. Tout cela inspire ce recueil, dans une ombre qui s’agrandit. La poésie dit la mort comme l’amour.
     Mais la poésie ne le dit pas n’importe comment.
Je suis de ceux qui essaient encore d’exercer leur art, l’art poétique, en combinant les mots, leurs sens, leurs sons, leurs accents, leurs images, pour faire entendre le chant qui est en nous. C’est lui qui transforme les lignes d’un texte en vers d’un poème. La poésie exige qu’on accorde les mots comme un musicien accorde son instrument pour en jouer.
     Ce chant, nous l’entendons depuis toujours, accordé à la scansion de la marche de notre vie, au rythme de notre cœur, et il sera là jusqu’à son dernier battement. Pour l’entendre, il faut l’écouter sur le silence à faire en nous, malgré le tumulte du monde. »

J. C.

 Un livre de 96 pages, 13,5 cm x 20 cm. 18 euros. ISBN : 978-2-35860-034-7

https://www.lamaisondepoesie.fr/wp-content/uploads/2021/04/silence-675x1024.jpg

La silencieuse

On n’entend pas tomber la neige
On n’entend pas marcher le chat
On ne sait pas quand s’approcha
L’amour qui nous a pris au piège.

À pas de loup la vie s’abrège
Le temps file à travers le chas
Et la patte du chat cacha
Cette pelote qui s’allège.

La silencieuse plus encor
Qui possède l’âme et le corps
Elle était là sans qu’on le sache

Celle qui tapie sans recours
Sans bruit sans espoir sans secours
Depuis toujours en moi se cache.

*

Le crime

Plus loin que le fracas des bombes et des armes,
Le grincement des chars, la folie des stukas,
Au-dessus des rockets, dans l’infernal vacarme
Des miaulements rageurs des orgues Katiouchas,
Plus puissants que les cris, les hurlements, les larmes,
Par-delà le blasphème ignoble de l’histoire,
Dans ce monde à jamais au mal abandonné,
J’entends, plus innocent que Jésus au prétoire,
Le dernier battement du cœur d’un condamné :
Le sanglot d’un enfant qu’on jette au crématoire.

*

L’adieu du régisseur

La représentation s’achève,
Il n’en reste pas plus qu’un rêve,
Une vapeur, un songe, un rien…
Mais vous avez été très bien :
Vous avez tenu votre rôle,
Tantôt émouvant, tantôt drôle,
Les spectateurs étaient contents,
Cela se sent, cela s’entend
À leurs longs silences complices,
À la façon qu’ils applaudissent.
J’ai même perçu très discret
Au fond comme un sanglot secret.
Et maintenant, j’éteins les lampes,
La salle, la herse, la rampe.
Adieu. Le noir est absolu.
Pour l’atteindre, il vous a fallu
Mener le spectacle à son terme.
La pièce est terminée. On ferme.

***

Robert Vigneau :

Un si profond silence

     « Ceci n’est pas un recueil terroriste. D’emblée, je me méfie : depuis le sibyllin Coup de dés mallarméen, j’évite soigneusement les ouvrages qui s’annoncent comme des poèmes – tout juste propres à amuser les savantasses de typographie. Ici rien de tel : il ne s’agit nullement d’un casse-tête. Il ne s’agit que de poésie. C’est à dire de sentiments. Audibles ! Cela s’intitule Un si profond silence. C’est un récent recueil de Jacques Charpentreau.
     Ce beau titre est d’ailleurs tiré d’une citation de Musset ; ce patronage romantique rassure le lecteur.  Il suggère ce silence où monte le chant de toute existence.
     On ne peut ignorer Jacques Charpentreau tant il s’est révélé prolixe : une quarantaine de recueils qui s’adressent à tous les âges et conditions (comme en témoigne même une édition en braille !) – mais ce tout dernier ouvrage tient une place particulière dans cette œuvre lyrique si ample et contrastée : le poète y offre sa méditation personnelle d’une existence confrontée à la si commune obsession de l’ultime souffle.

La vie de la vie se retire
Et le reflux est rejeté.

     Il prend place ainsi dans la simple tradition française, de Villon à Queneau par exemple, que chacun illustra selon son tempérament, du réalisme effaré du pendu à la moquerie jaune de l’instant fatal… Ici, toutefois, le ton demeure volontairement assez proche de la réflexion  commune : Il s’agit là d’une méditation à l’écart de toute révolte, d’une tranquille acceptation de la loi du vivant.

J’ai connu des joies et des larmes
Mais le temps est toujours trop court.

     Aucune frayeur. De sincères regrets sans violence. Le poète se cantonne volontiers dans ce climat pacifié. Il ne blesse jamais les croyances. Il convie à la sérénité. Il s’affirme en fidélité avec soi-même. « Je reste ce que j’ai été. »
     Son lecteur se trouve plutôt consolé dans cette ambiance dénuée de détails étrangers au moment final. Cette atmosphère peut ainsi concerner chacun. Comme un baume, même dans les images limpides de notre ignorance :

Il n’y a pas de port, il n’y a pas de rive :
L’univers se dilate, énorme cœur qui bat,
On ne sait pas pourquoi nos vieux espoirs survivent.
Nous errons sans savoir qui nous attend là-bas,
Nous fuyons dans le vide en immense dérive.

     Cependant, les anecdotes frappantes, les émotions des jours qu’ont croyait négligées sont loin de passer à la trappe de l’oubli.  Leur force au contraire, c’est de se retrouver réunies, entassées comme  autant d’éclats (c’est le titre de ce poème) d’une existence abolie  qui va s’opposer au reste du recueil entièrement consacré, lui, à cette méditation finale : ces éclats donnent ainsi matière au poème le plus fourni du recueil ; ils s’accumulent sans ponctuation, dans le désordre spontané du quotidien, en une  succession d’alexandrins uniques, souvent savamment troussés  d’ailleurs :

(…) Vin rouge et camembert oral avec Cohen
La noire antiquité sous l’énorme dolmen
Tous ces regards d’enfants à ma première classe
Et puis le dernier cours le fil du temps se casse
Michel Simon nichant dans un  grand sassafras
Franz Liszt ressuscité sous les doigts de Cziffra
Une nuit enfermé dans un immeuble en flammes
Quand les cloches sonnaient au loin à Notre-Dame
Me trouver à l’endroit où se pendit Nerval
Jean-Louis Barrault mimant le galop du cheval (… )

     Autant de moments d’émotion…   que nous ne découvrirons jamais en ampleur de poèmes !
     Le recueil s’orchestre en trois mouvements naturels, successivement : Fontaines du temps, Chaos et Harmonie.
     La première partie, Fontaines du temps, est la plus ample : elle établit surtout un état des lieux, ces impressions de l’âge qui décline selon des détails inattendus (tenir les cartes, apercevoir un régisseur, feuilleter un dictionnaire) avec cette image si récurrente chez Charpentreau, du petit garçon qu’il fut :

Pourrait-il me reconnaître
Du grand fond de ce miroir
Où j’aime à le voir paraître
S’il parvenait à me voir ?

     Chaos propose  ensuite une vision sans pitié du siècle que le poète dut vivre. On y retrouve ses accents de colère et de révolte devant les égorgeurs, infanticides et autres voisins barbares. La plus brutale actualité n’échappe pas à une vindicte peu visible en sa mélodie, nous faisant oublier que Charpentreau est aussi un vigoureux poète militant :

Fous de dieu, drogués et pervers,
Le mal à nouveau surabonde.
Il n’a jamais quitté le monde.
Nus n’avons qu’un seul univers
Dont il est le sinistre envers.
Elle revient, la bête immonde.

     L’ouvrage trouve une sorte d’apothéose dans le troisième mouvement dont l’intitulé Harmonies achève la quête et le chaos précédents.C’est l’occasion d’exprimer une sensation assez originale en inspiration poétique, la prise de conscience des existences qui nous ont précédés et, à leur suite, rendus viables :

J’ignore tout de vous en moi,
Famille immense des ancêtres,
Des choses, des plantes, des êtres
Qui me peuplent, qui font ma loi,
Et me guident sans l’apparaître.

     L’autre aspect majeur de ces ultimes pages me paraît la réponse que, volontairement, Charpentreau s’abstient d’assener à l’interrogation fatale. Il laisse chacun libre d’imaginer un paradis… ou son absence : au contraire de tant de chantres blindés dans leur dogme, Charpentreau n’avance jamais quelque foi comme preuve : à cet égard, il reste d’une honnêteté toute laïque :

Je ne sais ce que je serai.
La vie reçue, il faut la rendre
Sans en connaître le secret,
Sans le percer, sans rien comprendre,
Redevenir poussière et cendre.

     On le voit : il ne s’agit ici que de poésie, c’est à dire d’émotion – et en l’espèce de celle qui nous saisira tous à un moment donné de notre périple. On retrouve ici la réflexion de Montaigne, s’y préparant : la mort n’est pas le but de la vie, elle n’en est que le bout.
     Et pour entendre message si limpide, si universel nul besoin d’abasourdir le lecteur des faux pétards du vers libre et autres baroufs de typo : le poète s’exprime naturellement en sonnets précis, en dizains traditionnels, en vers rimés et scandés, en formes et strophes que la répétition fixe et la mémoire  retient d’autant plus aisément qu’elle s’est glissée dans sa sensibilité. »

Robert Vigneau
http://robert-vigneau.fr/blog/

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AUTRES PUBLICATIONS RÉCENTES :

c JACQUES CHARPENTREAU

GALERIE DES POÈTES FRANÇAIS

      « Ce recueil est l’hommage d’un poète d’aujourd’hui à ses prédécesseurs. En plus de dix siècles, notre poésie a été illustrée par des milliers de poètes. Il m’a bien fallu faire un choix parmi eux. En quatre-vingts quatrains j’ai évoqué quatre-vingts poètes des origines à nos jours, beaucoup prestigieux, certains moins connus, d’ici ou d’ailleurs, tous ayant fait chanter la langue française, chacun à sa façon.
     Aujourd’hui comme hier, la poésie est toujours la plus haute expression de notre langue, et j’ai voulu le rappeler avec cette Galerie qui rend un hommage personnel aux poètes qui n’en reçoivent pas souvent : le Panthéon où reposent tant de grands hommes et si peu de femmes n’a jamais accueilli que deux poètes, Voltaire et Hugo – et encore n’y ont-ils pas été admis en tant que poètes, mais plutôt pour leurs vertus civiques de penseurs et de défenseurs de nos libertés.
     Par-delà mes quatre-vingts poètes exemplaires, ce sont tous les poètes d’hier et d’aujourd’hui que je veux mettre à l’honneur, en attendant ceux qui, demain, feront chanter notre langue à leur tour. »

J. C.

https://www.lamaisondepoesie.fr/wp-content/uploads/2021/04/galerie-647x1024.jpg

Un livre de 48 pages, 11,5 cm x 18,5 cm. 12 euros. Avec vignettes.

ISBN : 978-2-35860-033-0

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JACQUES CHARPENTREAU

LES SECRETS DU ROYAUME

 Poèmes pour de jeunes lecteurs

     Un nouveau recueil : soixante-dix nouveaux poèmes pour réjouir tous ceux qui aiment la poésie – et d’abord ces « jeunes lecteurs » qui découvrent les merveilles de l’imagination et des mots, ces mots qui les amènent au royaume de la poésie et de la vie.
     On sait bien que l’accord des enfants et de la poésie est une rencontre à la fois merveilleuse et naturelle, mais on sait aussi combien il est délicat de choisir les poèmes de cette première rencontre. En voilà quelques-uns qui ne décevront pas leurs jeunes lecteurs (ni les parents qui retrouveront eux aussi leur premier émerveillement poétique).
     Le charme de ces vers, au sens de « l’enchantement », vient de leurs images d’une simplicité éblouissante, et de leur chant qui est celui d’une versification si souple, si harmonieuse, qu’elle semble naturelle, alors que la poésie utilise ici toutes les ressources du vers français.
     Ce n’est pas par hasard que beaucoup de poèmes de Jacques Charpentreau sont lus, aimés, partagés dans les écoles en France et dans tous les pays où notre langue est parlée avec des accents plus ou moins divers, qu’on les retrouve dans des écoles françaises en Indonésie ou en Afrique, et en traductions jusqu’en Russie ou en Chine. On peut dire que cette poésie qui chante dans ces classes est ainsi devenue une poésie classique – mais vivante.

     Jacques Charpentreau a reçu de nombreux Prix (y compris de l’Académie française) et un groupe scolaire a choisi de porter son nom. Mais sa plus grande récompense, c’est que ses poèmes soient appris et chantonnés par des enfants pour leur propre plaisir – et peu importe qu’ils aient oublié le nom du poète, s’ils entendent longtemps, toute leur vie peut-être, ses vers chanter en eux.

Un livre de 104 pages, 11,7 cm x 18,5 cm. 18 euros. Avec des collages de l’auteur.

ISBN : 978-2-35860-025-5

  LA TOURELLE. LA MAISON DE POÉSIE

SOCIÉTÉ DES POÈTES FRANÇAIS. 16, RUE MONSIEUR-LE-PRINCE. 75006 PARIS

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 L’Étrave :

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Louis Delorme :

Jacques Charpentreau – LES SECRETS DU ROYAUME 

     Les secrets du royaume ! Du royaume de Poésie bien sûr ! c’est ce qu’ajoute Jacques Charpentreau sur l’exemplaire qu’il me fait l’honneur de me dédicacer. En sous-titre : Poèmes pour de jeunes lecteurs.
     Existe-t-il une poésie pour enfants ? C’est Jacques Charpentreau lui-même qui m’avait posé la question. Il me semble qu’on peut donner à lire aux enfants, voire à apprendre, la plupart des poèmes. Ce qui compte c’est la façon de les aborder. Mais on peut concevoir aussi une poésie pour les jeunes lecteurs. C’est ce qu’ont fait Maurice Carême, Claude Roy (Enfantasque ), Robert Desnos (Chantefables et Chantefleurs) et même Apollinaire (Bestiaire). Et Jacques Charpentreau également qui est connu pour les anthologies poétiques qu’il a réunies à l’attention des écoles. On connaît de lui : Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant (destinés à un public d’école primaire) et Poèmes pour les Jeunes du temps présent (à l’adresse des adolescents)
     Si l’on veut faire une poésie à l’intention des enfants, l’important c’est de ne pas tomber pour autant dans la mièvrerie, dans l’infantilisme. S’imaginer que les enfants sont incapables d’accéder à la beauté des mots. Et d’en jouer eux-mêmes. Comment le poète s’y prend-il pour se mettre à la portée de ces jeûnes lecteurs ? Il utilise de préférence des mètres courts, quadrisyllabes, pentasyllabes, hexasyllabes, heptasyllabes, octosyllabes, bien cadencés et ainsi propres à accrocher l’attention et la mémorisation du texte. Tout cela, c’est de belle musique ! Et des recettes qui fonctionnent : les interrogations ; « Qu’as-tu fait en classe aujourd’hui ? /  Du parachute en parapluie // Qu’as-tu fait en cours de français ?  Oublier tout ce que je sais. » (in Questions inévitables au retour de l’école), les jeux sur les mots et expressions : « Qu’elle était belle la Lurette / Qui se promenait au jardin,/ Collier d’or, robe de satin, / Dansant et chantant à tue-tête. » (in La Belle Lurette), les contradictions, les changements de rôle : « Changeons ! a dit le maître. / Le noir s’appelle blanc, / Le froid devient brûlant, / Quatre et treize font seize, / On conduit sans volant. » (in Qui sont les bons élèves ? ) et puis, un surréalisme de bon aloi qui plaît tant aux enfants ; « Léa joue du violon à voiles / Zéphyrin d’un truc à pédales / Suzon du fromage à virgules / Moi, je joue du fauteuil à bulles. » (in Les musiciens).
     Le livre de Jacques Charpentreau ne s’adresse pas qu’aux enfants. Il peut devenir aussi un excellent outil pédagogique. On peut faire réagir les enfants sur la plupart des poèmes. On pourra chercher d’autres Qu’as-tu fait ?, d’autres joueurs d’instruments bizarres, d’autres changements d’identité. Que vont devenir le chat, le zèbre… ? Jacques Charpentreau connaît bien l’univers des enfants : il exploite les thèmes qui « marchent », en regroupant les textes qui y font référence : La clé des champs, À l’école, Mes bêtes, Sortilèges, etc. Ce didactisme ajoute à l’intérêt du livre.
     Laissons-nous emporter Au Royaume  de poésie avec ces « fées en robe de gala / Et falbalas / Des fées qui changent les cailloux / En beaux bijoux », avec « le vrai magicien / Réveillant la terre endormie / Par sa mystérieuse alchimie », nous qui avons su rester de grands enfants et nous pourrons, par esprit de contradiction, jouer avec les nôtres, à trouver des sorciers qui changent les bijoux en cailloux, qui retardent la venue du printemps, qui sait ? Pour augmenter notre plaisir, le poète illustre son recueil avec des collages qui prolongent le rêve. Votre livre me donnerait envie de retourner à l’école pour le transmettre à mes élèves. Merci, cher Jacques Charpentreau pour cette bulle de bonheur ! nous en avons tellement besoin.

Louis Delorme

***

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Robert Vigneau :


L’appel de l’arb
re

Dans l’arbre

Ne voyez-vous pas
Ces branches ces bras
Ces feuilles ces mains
Qui supplient en vain ?

N’entendez-vous pas
La plainte tout bas
Dans le vent la voix
Qui tremble d’effroi ?

C’est qu’une âme pleure
Dans l’arbre et demeure
À jamais en larmes
Captive d’un charme.

Pour la délivrer
Il faudrait l’aimer.

Bertrand Degott

Ballade du Royaume

À Jacques Charpentreau

Villon Guillevic ou Guillaume
(dit Kostro) avaient-ils vraiment
percé les secrets du royaume ?
ça reste un mystère et pourtant
la formule n’a rien d’occulte…
à vous lire c’est évident
il ne faut jamais être adulte

comme vous l’apprenez aux mômes
dans votre livre il est prudent
d’offrir une fleur qui embaume
on fait bien de parler au vent
d’autant plus qu’il nous catapulte
pas toujours se brosser les dents
surtout ne jamais être adulte

j’ai noté sur moi des symptômes
qui pourraient se faire inquiétants
les genoux sans mercurochrome
je caracole après le temps
et parfois me plais au tumulte
– le ciel m’épargne l’accident
qui de moi ferait un adulte

ami Charpentreau, à moins d’en
rire la vie nous laisse inculte
merci de m’enseigner comment
ne jamais jamais être un adulte.

Bertrand Degott

AUTRES POÈMES

Le rire de l’ange

Je sens une aile qui me frôle
Pendant que je rêve et j’écris
Des vers sur les anges : il rit
L’ange derrière mon épaule.

Le Visage de l’ange.

***

Le chant

J’attendrai le temps qu’il faudra,
Je serai pluie, je serai pierre,
Galet, silex, cendres, poussière,
Fleur de pêcher, fruit de cédrat,

Quand le ciel claquant comme un drap
Sous le vent des heures dernières
Déchirera sa bleue bannière
Dans un universel fatras,

Je serai là, gerbe d’atomes
Éparpillés sous le grand dôme
Qui ne connaîtra plus de lois !

S’élèvera dans ce désastre
Embrasant le ciel d’astre en astre
Le chant que je portais en moi.

La fugitive.

***

L’Odyssée

Bousculade à la queue, c’est pour l’Eldorado !
Chaque jour le chaudron bout dans l’aérogare,
Ça vit, ça va, ça court, ça pue, ça se bagarre,
Enfants, chiens, retraités, valises, sacs à dos…

Pèlerins et bourgeois déguisés en clodos,
C’est la même ferveur sur la route. Pleins phares !
Ce long serpent figé, c’est l’armée des barbares
Qui grouille à pied, en train, à cheval, en radeau.

Monceaux de viande grasse épandus sur les plages,
Concentration des camps, remugles de cités,
Bruit, fureur et bonheur de la promiscuité !
Heureux qui comme Ulysse après un long voyage

Retrouve son fauteuil, et seul s’enferme à clé,
Rêvant de l’Odyssée sans voisins ni télé.

                      Écoute-les bêler,
                          Du Bellay !

 La part des anges.

Le visage de l'ange couverture
La fugitive
la part des anges Couverture

Métaphysique

Sur la corde à linge
ma chemise se gonfle au vent.
Il n’y a rien dedans.
On ne voit pas
une âme mise à sécher.

Musée secret

***

Le vieux poète

Moi, mon royaume fut royaume de papier,
Ma richesse des mots, mes titres des poèmes.
Je ne fus même pas le seigneur de moi-même,
Je n’ai rien inventé, je n’ai fait que copier.

Je n’eus pas de servants ni de valets de pied,
Je ne fus châtelain qu’en Espagne ou Bohème.
Un sonnet réussi fut mon trésor suprême.
Ma voie royale fut un tout petit sentier.

Mais j’eus tant de bonheur à quelquefois entendre
Mes simples mots redits par de jeunes voix tendres,
Des enfants inconnus, dans un moment heureux !

Ces enfants devenus des hommes, j’imagine
Qu’ils entendent toujours cette voix anonyme
Et mon âme allégée chante encore avec eux.

La fugitive.

***

 Le petit clown blanc de la lune

Le petit clown blanc de la lune
Joue du violon, bat du tambour,
Jongle avec des noyaux de prunes,
Des diamants, des pommes d’amour,
Dans la douce nuit de velours.

Le petit clown blanc de la lune
Se balance au ciel en rêvant;
Par-dessus la mer et les dunes,
Il se laisse bercer au vent
Sur son grand trapèze volant.

Le petit clown blanc de la lune
Me regarde au fond de la nuit.
Il console mes infortunes,
Il me sourit, pâlit, et puis
Le petit clown s’en va sans bruit.

 La carpe de mon pommier

Cirque

La Carpe de mon pommier.  Collage de l’auteur.

La Carpe. Couverture
Musée

 Actualités

L'école. Panneau Decaux

Rencontres

Radotages-Radeau d’âge

« L’éphéméride fait mes rides »

– Lundi 1er décembre 2014

Révélation d’une dédicace

    L’exposition consacrée par la Bibliothèque Nationale de France à l’Oulipo de novembre 2014 à février 2015 permet de retrouver les fondateurs de cet OUvroir de LIttérature POtentielle, dont Albert-Marie Schmidt, qui en trouva le nom et l’acronyme. J’ai dans ma bibliothèque un ouvrage qui lui fut dédicacé.
     Le 3 décembre 1947, Gérard Philippe et Maria Casarès interprétèrent Les Épiphanies d’Henri Pichette (alors âgé de 23 ans) au Théâtre des Noctambules, devenu aujourd’hui la salle de cinéma Reflet, rue Champollion à Paris. Le succès (en grande partie mondain) fut considérable. Appâté, je voulus lire cette pièce et j’achetai à une petite librairie du boulevard Arago, le livre publié par K, dans une affreuse typographie de Massin, se voulant originale et si pénible pour le lecteur.
     Je fus surpris, en ouvrant l’ouvrage, de découvrir en première page une dédicace à l’encre rouge à l’intention d’Albert-Marie Schmidt. C’était bien un autographe de Pichette. Je compris, un peu plus tard, quand je sus que le dédicataire, protestant, habitait effectivement boulevard Arago, dans l’immeuble attenant le temple. Il avait probablement revendu cet ouvrage au libraire, qui l’avait mis en rayon sans l’ouvrir, et me l’avait vendu comme « neuf »… (Il y a prescription aujourd’hui).
     Bien plus tard, en 1999, j’allai voir Henri Pichette chez lui, place de la République. Il était alors devenu un poète reconnu, peut-être pas par tout le monde, mais en tout cas par la Maison de Poésie. Il était déjà malade (il devait mourir le 30 octobre 2000), mais il nous fit cadeau pour le premier numéro de notre revue Le Coin de table d’un superbe poème calligraphié par ses soins, comme toujours à l’encre rouge.

Pichette

– Lundi 3 novembre 2014

La plus belle distinction

     J’apprends par une lettre signée du Conseil municipal des jeunes que les élèves de l’école de Nieuil l’Espoir, dans la Vienne, ont décidé (après un vote général) de donner mon nom à leur école, et que le Conseil municipal élu a donné son accord.
     Pour la deuxième fois, après la commune de Saint-Hilaire-des-Loges en Vendée, c’est la plus belle distinction qui m’ait jamais été accordée. Certes, j’ai reçu de nombreux Prix littéraires, certains prestigieux, comme celui que m’a décerné l’Académie française. Mais ceux qui viennent spontanément des enfants me sont les plus précieux, et d’autant plus que je ne connaissais personne dans ces deux communes. C’est un bel hommage rendu à la poésie – qui témoigne qu’elle est bien vivante aujourd’hui. Et quel superbe nom porte cette commune !

Allemagne

Un peu d’argot…

     En juin 2012, la poésie de Jacques Charpentreau était présente lors d’un très sérieux colloque universitaire international d’argotologie organisé à Innsbruck par le département de Philologie romane de cette Université et la Faculté des Sciences humaines et Sociales de Paris-Descartes (Sorbonne).

     Marina Tikhonova, de l’Université de Smolensk (Russie) y a présenté un rapport sur les éléments argotiques dans la poésie contemporaine pour les enfants. Elle y a analysé plusieurs poèmes du recueil de Jacques Charpentreau, La Banane à la moutarde (Nathan, 1986), en particulier le vocabulaire de l’argot scolaire.

Le bain

Dans la baignoire, j’ai vidé
Tous les shampoings que j’ai touillés,
J’ai fait plonger, malgré sa frousse,
Mon petit frère, et j’ai crié :
« Maman ! Viens voir ! le petit mousse ! »

Puis j’ai tiré la courte-paille
Et j’ai dit : « Tu seras mangé ! »
Depuis, le petit mousse braille :
Il sera dur à digérer…

*

Un bon petit cœur

(Devinette)

En quittant mon amie Sandrine,
Je lui ai souhaité « Bonne angine » ;
Mais à l’affreux Maximilien,
J’ai susurré : « Porte-toi bien ! »

            Pourquoi ?

 C’est parce que demain matin,
En classe on a une interro,
Sandrine restera au chaud,
Chez elle, avec un bon bouquin,
Et l’ignoble Maximilien
Viendra récolter un zéro.


La Banane à la moutarde. Poèmes abominables pour enfants plus ou moins sages.

Nathan, 1986.

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Mozambique

     Le Centre culturel franco-mozambicain organise une exposition de photos sur la ville, avec la participation de l’ambassade de France au Mozambique et au Swaziland.

     Le calligramme de Jacques Charpentreau, Message de la ville en poésie sera reproduit dans le catalogue.

alt

Jacques Charpentreau, Paris des enfants.L’École des Loisirs, 1978.

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Russie

     Marina Tikhonova, Professeur à l’Université de Smolensk, vient de publier dans une revue scientifique un article intitulé : « La petite rose des fables » de Jacques Charpentreau : les fables modernes pour les enfants d’aujourd’hui.

*

Un album russe

      Un album illustré de poèmes français traduits en russe, à l’intention des enfants, vient de paraître en Russie. Le traducteur, Mikhaïl Yasnov, est lui-même un célèbre poète et un fameux traducteur.
     On trouve dans ce beau livre des œuvres de cinq poètes français, dont Jacques Charpentreau qui ouvre le recueil en grande vitesse.

     Poèmes traduits : Paris, Les trottoirs, Chez le coiffeur, Les antennes de télévision, Les pigeons, Les gens, Les moineaux, Les mannequins, Le marché aux sorcières.

Les mannequins

Vêtus de soie, vêtus de laine,
De nylon, de coton, d’indienne,
Les mannequins sourient et prennent
La pose, comme les statues,
Dans la vitrine devenue
Le musée du coin de la rue.

Jacques Charpentreau

La Ville enchantée. L’École.

Jacques Charpentreau en patinette
http://lamaisondepoesie.fr/images/stories/les%20mannequins%20.jpg

– Monsieur, Monsieur, quelle heure est-il ? Traduction : Mikhaïl Yasnov. Illustrations : Mikhaïl Bytchekov. Éditions Detgiz, Moscou.
     Poèmes de Jacques Charpentreau, Jean-Luc Moreau, Lise Mathieu, Robert Vigneau, Jacqueline Saint-Jean.

 ***

L'école en russe

Jacques Charpentreau, L’école. Ouvrage scolaire russe.

Thèse de Lena Lartchenkova

Résumé de la thèse de Lena Lartchenkova consacrée à l’analyse du style de Jacques Charpentreau (Université de Smolensk et Moscou, 2007).

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Chine

Le chant du monde

« Aime-moi » dit la feuille au vent qui la caresse,
L’oiseau chante « aime-moi » vers le soleil levant.
Et l’étoile à la nuit, la vague à l’océan,
Les bois, les prés, les champs, tout ce qui vit, sans cesse,
Tout murmure « aime-moi », en un immense chœur.
Et dans ce chant du monde, « aime-moi » dit mon cœur.

Ce que les mots veulent dire.

alt

Le chant du monde, traduction en chinois.
Jiang Huosheng, Anthologie de la poésie française du Moyen Âge à nos jours. Pékin, 1996.

anthologie chinoise
Vœux chinois

Anthologie chinoise. Présentation de Jacques Charpentreau (extrait).
Jiang Huosheng, Vœux de nouvel an à Jacques Charpentreau.

alt

Cachet de Jacques Charpentreau.

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Du Danemark

Cher Monsieur Jacques Charpentreau,

     Un petit bonjour du Danemark, d’un professeur de français qui vient de finir deux semaines de travail sur la poésie, avec des jeunes de quatorze ans, ayant moins d’un an de français.

     On a lu votre poème L’école – après avoir travaillé avec Desnos et Jacques Prévert. Les élèves ont bien travaillé avec les structures et le rythme des “modèles”. À la fin ils ont écrit des poèmes sur des tableaux de Magritte et des photos de Doisneau.

     La poésie est une source immense – elle attire des enfants et ouvre un monde des pensées et des sentiments. La poésie d’une langue étrangère sera pleine de sensualité – articulation, prononciation, intonation – le son, le rythme – les mots nous donnent des goûts. On joue !

     Je vous envoie trois poèmes des enfants pour vous remercier de votre inspiration.

Cordialement,

Helle Denckert de Visme
Toftevangskolen
Birkerød
Danmark

22 juin 2012.

La maison

Dans notre monde, il y a
Des mers, des maisons par milliers,
Des oiseaux, des hommes, des pays,
Et puis mes yeux, mes yeux qui veulent
Tout voir.

Dans notre pays, il y a
Des cygnes, des auteurs,
Des forêts, des expériences,
Et puis mes yeux, mes yeux qui veulent
Tout voir.

Dans notre ville, il y a
Des quartiers, des autos,
Des écoles, des options
Et puis mes yeux, mes yeux qui veulent
Tout voir.

Dans ma maison, il y a
Des meubles, de l’amour, des photos,
Des fleurs, de la confiance,
des membre de la famille
Et puis mes yeux, mes yeux qui
Se ferment.

Émilie

Ce poème a été inspiré par L’école (texte dans la rubrique Groupe scolaire de Saint-Hilaire-des-Loges).

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Canada

EXAMENS DANGEREUX

     En Alberta, province de l’ouest du Canada, un de mes poèmes vient de faire partie d’un examen du French Language Arts, pour le Diplôme de l’Alberta Education.
     Ce n’est pas la première fois qu’un de mes écrits est ainsi soumis à la sagacité (et à la peine) des candidats. Cet honneur m’entraîna de menues difficultés voilà quelques années.
     L’un de mes textes fut ainsi proposé au commentaire du baccalauréat (épreuve de français). Il s’agissait d’un extrait particulièrement mal-pensant.

   On a dit qu’avec les poubelles de la France des millions de misérables des pays pauvres pourraient se nourrir. Cette idée est si révoltante qu’on les laisse mourir de faim pour ne pas les humilier. Les chats français mangent des produits alimentaires spéciaux (certains fabriqués en Allemagne, la voilà l’Europe unie contre la misère), tandis que les enfants d’Asie et d’Afrique souffrent de la famine. On ne peut tout de même pas envoyer des rations pour chat à l’affamé inconnu. Un jour, il aura son tombeau. Pour l’instant, on ne sait pas comment faire, on ne sait pas quoi faire. Stupides d’impuissance, nous sommes et nous restons, tout en nous apitoyant sur la souffrance qui, grâce aux moyens de masse, devient un spectacle. (Une société en toc. Éditions ouvrières, « Caliban », 1969).

     Ce texte provocateur inspira certains candidats et en décontenança d’autres. En particulier dans ma Vendée natale où j’étais en vacances.
     Le problème, c’était que certains recalés rendirent ce texte bizarre responsable de leur échec.
     En ces temps-là, on servait l’essence à l’automobiliste venant s’approvisionner (aujourd’hui, que le client se débrouille ; on mesure le chemin parcouru dans notre dégringolade…), ce qui constituait un petit travail intéressant pour un jeune homme en vacances désirant gagner un peu d’argent. Un recalé du bac, par exemple. Je n’osais même plus me présenter à la pompe où le jeune homme officiait, silencieux, sombre, ruminant sa défaite, et se demandant encore ce qu’on pouvait bien tirer d’un texte aussi stupide.
     J’avoue que je n’en sais rien.

Le Coin de table. Janvier 2013.


Les Secrets du royaume

livre de 104 pages, 11,7 cm x 18,5 cm. 18 euros. Avec des collages de l’auteur.

JACQUES CHARPENTREAU – LES SECRETS DU ROYAUME

 Poèmes pour de jeunes lecteurs

     Un nouveau recueil : soixante-dix nouveaux poèmes pour réjouir tous ceux qui aiment la poésie – et d’abord ces « jeunes lecteurs » qui découvrent les merveilles de l’imagination et des mots, ces mots qui les amènent au royaume de la poésie et de la vie.
     On sait bien que l’accord des enfants et de la poésie est une rencontre à la fois merveilleuse et naturelle, mais on sait aussi combien il est délicat de choisir les poèmes de cette première rencontre. En voilà quelques-uns qui ne décevront pas leurs jeunes lecteurs (ni les parents qui retrouveront eux aussi leur premier émerveillement poétique).
     Le charme de ces vers, au sens de « l’enchantement », vient de leurs images d’une simplicité éblouissante, et de leur chant qui est celui d’une versification si souple, si harmonieuse, qu’elle semble naturelle, alors que la poésie utilise ici toutes les ressources du vers français.
     Ce n’est pas par hasard que beaucoup de poèmes de Jacques Charpentreau sont lus, aimés, partagés dans les écoles en France et dans tous les pays où notre langue est parlée avec des accents plus ou moins divers, qu’on les retrouve dans des écoles françaises en Indonésie ou en Afrique, et en traductions jusqu’en Russie ou en Chine. On peut dire que cette poésie qui chante dans ces classes est ainsi devenue une poésie classique – mais vivante.

     Jacques Charpentreau a reçu de nombreux Prix (y compris de l’Académie française) et un groupe scolaire a choisi de porter son nom. Mais sa plus grande récompense, c’est que ses poèmes soient appris et chantonnés par des enfants pour leur propre plaisir – et peu importe qu’ils aient oublié le nom du poète, s’ils entendent longtemps, toute leur vie peut-être, ses vers chanter en eux.

Publication dans la revue L’Etrave

Article de Louis Delorme :

Jacques Charpentreau – LES SECRETS DU ROYAUME 

     Les secrets du royaume ! Du royaume de Poésie bien sûr ! c’est ce qu’ajoute Jacques Charpentreau sur l’exemplaire qu’il me fait l’honneur de me dédicacer. En sous-titre : Poèmes pour de jeunes lecteurs.
     Existe-t-il une poésie pour enfants ? C’est Jacques Charpentreau lui-même qui m’avait posé la question. Il me semble qu’on peut donner à lire aux enfants, voire à apprendre, la plupart des poèmes. Ce qui compte c’est la façon de les aborder. Mais on peut concevoir aussi une poésie pour les jeunes lecteurs. C’est ce qu’ont fait Maurice Carême, Claude Roy (Enfantasque ), Robert Desnos (Chantefables et Chantefleurs) et même Apollinaire (Bestiaire). Et Jacques Charpentreau également qui est connu pour les anthologies poétiques qu’il a réunies à l’attention des écoles. On connaît de lui : Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant (destinés à un public d’école primaire) et Poèmes pour les Jeunes du temps présent (à l’adresse des adolescents)
     Si l’on veut faire une poésie à l’intention des enfants, l’important c’est de ne pas tomber pour autant dans la mièvrerie, dans l’infantilisme. S’imaginer que les enfants sont incapables d’accéder à la beauté des mots. Et d’en jouer eux-mêmes. Comment le poète s’y prend-il pour se mettre à la portée de ces jeûnes lecteurs ? Il utilise de préférence des mètres courts, quadrisyllabes, pentasyllabes, hexasyllabes, heptasyllabes, octosyllabes, bien cadencés et ainsi propres à accrocher l’attention et la mémorisation du texte. Tout cela, c’est de belle musique ! Et des recettes qui fonctionnent : les interrogations ; « Qu’as-tu fait en classe aujourd’hui ? /  Du parachute en parapluie // Qu’as-tu fait en cours de français ?  Oublier tout ce que je sais. » (in Questions inévitables au retour de l’école), les jeux sur les mots et expressions : « Qu’elle était belle la Lurette / Qui se promenait au jardin,/ Collier d’or, robe de satin, / Dansant et chantant à tue-tête. » (in La Belle Lurette), les contradictions, les changements de rôle : « Changeons ! a dit le maître. / Le noir s’appelle blanc, / Le froid devient brûlant, / Quatre et treize font seize, / On conduit sans volant. » (in Qui sont les bons élèves ? ) et puis, un surréalisme de bon aloi qui plaît tant aux enfants ; « Léa joue du violon à voiles / Zéphyrin d’un truc à pédales / Suzon du fromage à virgules / Moi, je joue du fauteuil à bulles. » (in Les musiciens).
     Le livre de Jacques Charpentreau ne s’adresse pas qu’aux enfants. Il peut devenir aussi un excellent outil pédagogique. On peut faire réagir les enfants sur la plupart des poèmes. On pourra chercher d’autres Qu’as-tu fait ?, d’autres joueurs d’instruments bizarres, d’autres changements d’identité. Que vont devenir le chat, le zèbre… ? Jacques Charpentreau connaît bien l’univers des enfants : il exploite les thèmes qui « marchent », en regroupant les textes qui y font référence : La clé des champs, À l’école, Mes bêtes, Sortilèges, etc. Ce didactisme ajoute à l’intérêt du livre.
     Laissons-nous emporter Au Royaume  de poésie avec ces « fées en robe de gala / Et falbalas / Des fées qui changent les cailloux / En beaux bijoux », avec « le vrai magicien / Réveillant la terre endormie / Par sa mystérieuse alchimie », nous qui avons su rester de grands enfants et nous pourrons, par esprit de contradiction, jouer avec les nôtres, à trouver des sorciers qui changent les bijoux en cailloux, qui retardent la venue du printemps, qui sait ? Pour augmenter notre plaisir, le poète illustre son recueil avec des collages qui prolongent le rêve. Votre livre me donnerait envie de retourner à l’école pour le transmettre à mes élèves. Merci, cher Jacques Charpentreau pour cette bulle de bonheur ! nous en avons tellement besoin.

Louis Delorme

Galeries des poètes français

Livre de 48 pages, 11,5 cm x 18,5 cm. 12 euros. Avec vignettes. ISBN : 978-2-35860-033-0

JACQUES CHARPENTREAUGALERIE DES POÈTES FRANÇAIS

      « Ce recueil est l’hommage d’un poète d’aujourd’hui à ses prédécesseurs. En plus de dix siècles, notre poésie a été illustrée par des milliers de poètes. Il m’a bien fallu faire un choix parmi eux. En quatre-vingts quatrains j’ai évoqué quatre-vingts poètes des origines à nos jours, beaucoup prestigieux, certains moins connus, d’ici ou d’ailleurs, tous ayant fait chanter la langue française, chacun à sa façon.
     Aujourd’hui comme hier, la poésie est toujours la plus haute expression de notre langue, et j’ai voulu le rappeler avec cette Galerie qui rend un hommage personnel aux poètes qui n’en reçoivent pas souvent : le Panthéon où reposent tant de grands hommes et si peu de femmes n’a jamais accueilli que deux poètes, Voltaire et Hugo – et encore n’y ont-ils pas été admis en tant que poètes, mais plutôt pour leurs vertus civiques de penseurs et de défenseurs de nos libertés.
     Par-delà mes quatre-vingts poètes exemplaires, ce sont tous les poètes d’hier et d’aujourd’hui que je veux mettre à l’honneur, en attendant ceux qui, demain, feront chanter notre langue à leur tour. »

J. C.

Un si profond silence

Livre de 96 pages, 13,5 cm x 20 cm. 18 euros. ISBN : 978-2-35860-034-7

JACQUES CHARPENTREAU

UN SI PROFOND SILENCE

POÈMES

« Il se fit tout à coup le plus profond silence
Quand Georgina Smolen se leva pour chanter »

Alfred de Musset, Le Saule.

     « Dans le tumulte du monde, ce silence est celui qui annonce et accompagne le passage du chant, de la grâce, de la poésie. Mais la beauté n’abolit pas l’horreur : la poésie exprime nos émotions comme nos refus des monstrueuses abominations du monde, les violences, les guerres, l’écrasement des humbles. Tout cela inspire ce recueil, dans une ombre qui s’agrandit. La poésie dit la mort comme l’amour.
Mais la poésie ne le dit pas n’importe comment.
Je suis de ceux qui essaient encore d’exercer leur art, l’art poétique, en combinant les mots, leurs sens, leurs sons, leurs accents, leurs images, pour faire entendre le chant qui est en nous. C’est lui qui transforme les lignes d’un texte en vers d’un poème. La poésie exige qu’on accorde les mots comme un musicien accorde son instrument pour en jouer.
Ce chant, nous l’entendons depuis toujours, accordé à la scansion de la marche de notre vie, au rythme de notre cœur, et il sera là jusqu’à son dernier battement. Pour l’entendre, il faut l’écouter sur le silence à faire en nous, malgré le tumulte du monde. »

J. C.

La silencieuse

On n’entend pas tomber la neige
On n’entend pas marcher le chat
On ne sait pas quand s’approcha
L’amour qui nous a pris au piège.

À pas de loup la vie s’abrège
Le temps file à travers le chas
Et la patte du chat cacha
Cette pelote qui s’allège.

La silencieuse plus encor
Qui possède l’âme et le corps
Elle était là sans qu’on le sache

Celle qui tapie sans recours
Sans bruit sans espoir sans secours
Depuis toujours en moi se cache.

*

Le crime

Plus loin que le fracas des bombes et des armes,
Le grincement des chars, la folie des stukas,
Au-dessus des rockets, dans l’infernal vacarme
Des miaulements rageurs des orgues Katiouchas,
Plus puissants que les cris, les hurlements, les larmes,
Par-delà le blasphème ignoble de l’histoire,
Dans ce monde à jamais au mal abandonné,
J’entends, plus innocent que Jésus au prétoire,
Le dernier battement du cœur d’un condamné :
Le sanglot d’un enfant qu’on jette au crématoire

*

L’adieu du régisseur

La représentation s’achève,
Il n’en reste pas plus qu’un rêve,
Une vapeur, un songe, un rien…

Mais vous avez été très bien :

Vous avez tenu votre rôle,
Tantôt émouvant, tantôt drôle,
Les spectateurs étaient contents,
Cela se sent, cela s’entend
À leurs longs silences complices,
À la façon qu’ils applaudissent.
J’ai même perçu très discret
Au fond comme un sanglot secret.
Et maintenant, j’éteins les lampes,
La salle, la herse, la rampe.
Adieu. Le noir est absolu.
Pour l’atteindre, il vous a fallu
Mener le spectacle à son terme.
La pièce est terminée. On ferme.

***

Article de Robert Vigneau sur le livre :

Un si profond silence

     « Ceci n’est pas un recueil terroriste. D’emblée, je me méfie : depuis le sibyllin Coup de dés mallarméen, j’évite soigneusement les ouvrages qui s’annoncent comme des poèmes – tout juste propres à amuser les savantasses de typographie. Ici rien de tel : il ne s’agit nullement d’un casse-tête. Il ne s’agit que de poésie. C’est à dire de sentiments. Audibles ! Cela s’intitule Un si profond silence. C’est un récent recueil de Jacques Charpentreau.
Ce beau titre est d’ailleurs tiré d’une citation de Musset ; ce patronage romantique rassure le lecteur.  Il suggère ce silence où monte le chant de toute existence.
On ne peut ignorer Jacques Charpentreau tant il s’est révélé prolixe : une quarantaine de recueils qui s’adressent à tous les âges et conditions (comme en témoigne même une édition en braille !) – mais ce tout dernier ouvrage tient une place particulière dans cette œuvre lyrique si ample et contrastée : le poète y offre sa méditation personnelle d’une existence confrontée à la si commune obsession de l’ultime souffle.

La vie de la vie se retire
Et le reflux est rejeté.

     Il prend place ainsi dans la simple tradition française, de Villon à Queneau par exemple, que chacun illustra selon son tempérament, du réalisme effaré du pendu à la moquerie jaune de l’instant fatal… Ici, toutefois, le ton demeure volontairement assez proche de la réflexion  commune : Il s’agit là d’une méditation à l’écart de toute révolte, d’une tranquille acceptation de la loi du vivant.

J’ai connu des joies et des larmes
Mais le temps est toujours trop court.

     Aucune frayeur. De sincères regrets sans violence. Le poète se cantonne volontiers dans ce climat pacifié. Il ne blesse jamais les croyances. Il convie à la sérénité. Il s’affirme en fidélité avec soi-même. « Je reste ce que j’ai été. »
Son lecteur se trouve plutôt consolé dans cette ambiance dénuée de détails étrangers au moment final. Cette atmosphère peut ainsi concerner chacun. Comme un baume, même dans les images limpides de notre ignorance :

Il n’y a pas de port, il n’y a pas de rive :
L’univers se dilate, énorme cœur qui bat,
On ne sait pas pourquoi nos vieux espoirs survivent.
Nous errons sans savoir qui nous attend là-bas,
Nous fuyons dans le vide en immense dérive.

     Cependant, les anecdotes frappantes, les émotions des jours qu’ont croyait négligées sont loin de passer à la trappe de l’oubli.  Leur force au contraire, c’est de se retrouver réunies, entassées comme  autant d’éclats (c’est le titre de ce poème) d’une existence abolie  qui va s’opposer au reste du recueil entièrement consacré, lui, à cette méditation finale : ces éclats donnent ainsi matière au poème le plus fourni du recueil ; ils s’accumulent sans ponctuation, dans le désordre spontané du quotidien, en une  succession d’alexandrins uniques, souvent savamment troussés  d’ailleurs :

(…) Vin rouge et camembert oral avec Cohen
La noire antiquité sous l’énorme dolmen
Tous ces regards d’enfants à ma première classe
Et puis le dernier cours le fil du temps se casse
Michel Simon nichant dans un  grand sassafras
Franz Liszt ressuscité sous les doigts de Cziffra
Une nuit enfermé dans un immeuble en flammes
Quand les cloches sonnaient au loin à Notre-Dame
Me trouver à l’endroit où se pendit Nerval
Jean-Louis Barrault mimant le galop du cheval (… )

     Autant de moments d’émotion…   que nous ne découvrirons jamais en ampleur de poèmes !
Le recueil s’orchestre en trois mouvements naturels, successivement : Fontaines du temps, Chaos et Harmonie.
La première partie, Fontaines du temps, est la plus ample : elle établit surtout un état des lieux, ces impressions de l’âge qui décline selon des détails inattendus (tenir les cartes, apercevoir un régisseur, feuilleter un dictionnaire) avec cette image si récurrente chez Charpentreau, du petit garçon qu’il fut :

Pourrait-il me reconnaître
Du grand fond de ce miroir
Où j’aime à le voir paraître
S’il parvenait à me voir ?

     Chaos propose  ensuite une vision sans pitié du siècle que le poète dut vivre. On y retrouve ses accents de colère et de révolte devant les égorgeurs, infanticides et autres voisins barbares. La plus brutale actualité n’échappe pas à une vindicte peu visible en sa mélodie, nous faisant oublier que Charpentreau est aussi un vigoureux poète militant :

Fous de dieu, drogués et pervers,
Le mal à nouveau surabonde.
Il n’a jamais quitté le monde.
Nus n’avons qu’un seul univers
Dont il est le sinistre envers.
Elle revient, la bête immonde.

     L’ouvrage trouve une sorte d’apothéose dans le troisième mouvement dont l’intitulé Harmonies achève la quête et le chaos précédents.C’est l’occasion d’exprimer une sensation assez originale en inspiration poétique, la prise de conscience des existences qui nous ont précédés et, à leur suite, rendus viables :

J’ignore tout de vous en moi,
Famille immense des ancêtres,
Des choses, des plantes, des êtres
Qui me peuplent, qui font ma loi,
Et me guident sans l’apparaître.

     L’autre aspect majeur de ces ultimes pages me paraît la réponse que, volontairement, Charpentreau s’abstient d’assener à l’interrogation fatale. Il laisse chacun libre d’imaginer un paradis… ou son absence : au contraire de tant de chantres blindés dans leur dogme, Charpentreau n’avance jamais quelque foi comme preuve : à cet égard, il reste d’une honnêteté toute laïque :

Je ne sais ce que je serai.
La vie reçue, il faut la rendre
Sans en connaître le secret,
Sans le percer, sans rien comprendre,
Redevenir poussière et cendre.

     On le voit : il ne s’agit ici que de poésie, c’est à dire d’émotion – et en l’espèce de celle qui nous saisira tous à un moment donné de notre périple. On retrouve ici la réflexion de Montaigne, s’y préparant : la mort n’est pas le but de la vie, elle n’en est que le bout.
     Et pour entendre message si limpide, si universel nul besoin d’abasourdir le lecteur des faux pétards du vers libre et autres baroufs de typo : le poète s’exprime naturellement en sonnets précis, en dizains traditionnels, en vers rimés et scandés, en formes et strophes que la répétition fixe et la mémoire  retient d’autant plus aisément qu’elle s’est glissée dans sa sensibilité. »

Robert Vigneau
http://robert-vigneau.fr/blog/