On dit que chacun porte en soi un poète qui meurt jeune. Maladie ? Suicide ? Assassinat ?

     Pour aider ce jeune poète encore vivant à se faire entendre, la Maison de Poésie a créé en 1991 le Prix Arthur Rimbaud était initialement réservé à un poète de 18 à 25 ans. Il n’est plus désormais tenu compte du discriminant lié à l’âge mais couronne une écriture novatrice, ancrée dans la modernité et révélant une personnalité forte.

     Dédié à la jeune création poétique, ce Prix a permis à des milliers de jeunes gens de s’exprimer par la poésie, et à ceux dont les œuvres avaient été retenues, d’être publiés dans des revues, des florilèges, des recueils collectifs ou personnels. Son succès a été prodigieux et continu, les manuscrits reçus en nombre considérable étaient apportés par sacs postaux déversés à la Maison de Poésie.

Plusieurs recueils ont été illustrés par de jeunes illustrateurs de l’École supérieure Estienne des arts et industries graphiques. Pendant près de 20 ans, ce Prix a été organisé par la Maison de Poésie-Fondation Émile Blémont en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse qui a apporté le financement nécessaire à une organisation importante et assuré très efficacement sa diffusion en France métropolitaine et d’outre-mer, ainsi qu’à l’étranger. La Maison de Poésie a longtemps trouvé auprès de ce Ministère, de ses fonctionnaires, de ses responsables, un soutien efficace et constant au service des jeunes poètes, justifiant ainsi pleinement un titre variable (Ministère ou Secrétariat d’État), mais toujours au service de la jeunesse – quelle que soit la coloration politique du moment : Michèle Alliot-Marie, ministre RPR ou Marie-George Buffet, ministre communiste, ont chaleureusement présidé, lors de leur fonction ministérielle, la remise du Prix Arthur Rimbaud, tout comme les anciens champions Roger Bambuck et Jean-François Lamour, aux choix politiques différents.  

     Les uns et les autres ont aidé la jeune poésie vivante surgissant des villes, des banlieues, des campagnes, en France ou dans des pays de langue française – qu’ils en soient ici remerciés.

En mai 2007, le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, dirigé par Roselyne Bachelot, regroupa ces diverses administrations. En janvier 2009, le Haut-Commissariat à la Jeunesse fut confié à Martin Hirsch. La Maison de Poésie fut avisée à l’avance, avec un délai de courtoisie, que le Haut-Commissariat allait arrêter sa participation au Prix Arthur Rimbaud. Celui de 2009 serait le dernier du partenariat entre l’administration de « la Jeunesse » et la Maison de Poésie. Ce serait donc le dernier florilège des jeunes poètes publié par la Maison de Poésie.

     La Fondation Émile Blémont ne pouvait malheureusement pas assurer seule la charge financière de ce Prix devenu « une institution », comme on dit de façon flatteuse, mais correspondant à la réalité de son succès. Elle ne peut pas non plus lui assurer la large diffusion nécessaire.

     A cette date, la Maison de poésie déclarait : « Des voix doivent se taire : la poésie n’appartient plus aux priorités de l’administration qui a encore changé de titre pour être aujourd’hui le « Ministère de la Jeunesse et des solidarités actives », confié à Marc-Philippe Daubresse. Cet abandon est celui d’une époque, la nôtre, qui préfère la fameuse « Société du spectacle » à l’expression intime et personnelle. Aucun mécène ne s’est manifesté pour reprendre le Prix Arthur Rimbaud qui disparaît en laissant tout de même une quinzaine de recueils, comme la trace étincelante d’une comète de ce qui fut « la jeune poésie » de ces voleurs de feu d’un aujourd’hui qui devient hier, dans le sillage du génial adolescent que le Fondateur de notre Maison de Poésie, Émile Blémont, avait fait asseoir avec son ami Paul Verlaine, au Coin de table de la Poésie.  » MAIS c’était sans compter sur la ferveur et la volonté de son président Sylvestre Clancier qui, plusieurs années après, a décidé que la prix Rimbaud devait renaître – même si le prix n’est plus enrichi par l’édition d’une anthologie de jeunes poètes.

Aperçus du Palmarès du Prix Arthur Rimbaud

1991. *Jean-Luc Despax, Grains de beauté.

1992. Aymeric Le Delliou, À la Billebaude.

1993. Colette Gevers, Croissance.
Mentions : Joseph Bernier, Mitiely. Yves-Ferdinand Bouvier, Poèmes à croquer.

1994. Hélène Bourg, Nuit d’encre.
Mention ; Jérôme Prévost, Caromantique.

1995. Zohra Karim, Les amours d’une peste. Isabelle Larpent, Les Cafés de Paris. Serge Ravennes, À la mort et aux étoiles.

     Florilège : * La Fleur de l’âge.

– 1996. Marie-Anne Bruch, Tableautin.

1997. Cécile Bétouret, Le Réel absolu.

      Florilège : *Le Point du jour.

1998. *Bertrand Suarez-Pazos, Vers des espoirs.

1999. Julien Dolidon, Arlequin en noir et blanc.

      Martin Laquet, Les Dés du temps n’ont qu’une face.

      Florilège : *Printemps pour un nouveau siècle.

2000. Frank Orsoni, Les Rires de larmes.

     Florilège : *« Cela s’appelle l’aurore ».

2001. Nicolas Bousquet, Terres amères.
 Mentions : Stéphane Isselin, Prénoms obsessions. Maxence Przyborowski, Les Récits de nulle part.

     Florilège : *Les jeunes poètes font le printemps.

2002. Christophe Goarant, D’impressions textuelles en poèmes cyraniques.

      Florilège : *Le nouveau printemps des jeunes poètes.

2003. Marc-André Allard, Rerum novarum (Les choses nouvelles).

      Florilège : *Le vert laurier.

2004. Nicolas Pavée, Carnet de voyage.

      Florilège : *Primevers.

2005. Flore Tilly, Morceaux d’hirt.

      Florilège : *Cœurs en feu, cœurs en fête.

2006. Benjamin Terral,

     Florilège : *Rimbaud 006.

2007. Cédric Bertolino,

     Florilège : *Rimbaud 007.

2008. Aliénor Gauthier,

     Florilège : *Rimbaud 008.

2009. Amélie Nicolas, Esquisses.
Mentions : Camille Bonneaux, D’âme et de boue. Romain Monsifrot, Désubstanciation. Anna Ayanoglou, Prémices.

Florilège : *Rimbaud 009.

* Ouvrages publiés par la Maison de Poésie.